Choisir ses running : tout ça pour ça !
On me pose souvent cette question : c’est quoi tes critères pour choisir une paire de running ? Et tu les achètes où ? Si, durant des années, j’étais plein de certitudes, trouver mon bonheur relève désormais du parcours du combattant…
> LES SHOES, C’EST DEVENU (UN PEU) LA LOOSE
Quel est le point commun entre une machine à laver et une paire de running ? Plus les années passent, plus les deux sont sophistiquées et bardées de technologies. C’est joli, silencieux, confortable, ça fait plein de trucs, mais… dans les deux cas il y a un sérieux hic : ça coûte de plus en plus cher, mais dure de moins en moins longtemps. Cherchez l’erreur. Adidas qui lance ces jours-ci en grandes pompes « la révolutionnaire Ultra Boost », qualifiée de « running la plus aboutie de tous les temps » par l’équipementier allemand, ça m’interpelle : 180 € la fragile paire de souliers « idéale pour les compétiteurs poids plume », ça fait mal au pouvoir d’achat de la ménagère moyenne.
J’ai encore en mémoire ce vendeur dans une boutique running, il y a une quinzaine d’années, m’annonçant que le fabricant avait arrêté de commercialiser ma paire de trail fétiche : « C’est apparemment un modèle trop simple et pas assez rentable pour la marque, qui préfère s’orienter vers des produits plus “techniques”. » « Et qui se vendront donc plus cher… », ai-je aussitôt complété. Son sourire en coin m’a suffi. J’ai tourné les talons sans faire chauffer la carte bleue, dépité.
Si l’on m’avait dit que quinze ans plus tard, je serais toujours en train de chercher le « graal trail », je me serais mis depuis belle lurette en mode « tongs-pétanque ». Le marché des running a beau s’être incroyablement étoffé, j’ai dû essayer une vingtaine de modèles trail différents au cours de 180 derniers mois… sans trouver chaussure à mon pied : trop d’amorti, trop raide, trop fragile, trou à l’avant, sur les côtés, semelle flinguée dès qu’on mord le bitume. Bref, un vrai parcours du combattant.
> SUR TRAIL, J’Y SUIS PRESQUE…
L’an dernier, j’ai été à deux doigts de trouver le modèle sans chichis ni artifices après lequel je courais depuis des lustres. Nom de code : Saucony Xodus 4.0. Alléluia, l’équipementier américain s’est enfin décidé à investir sérieusement le marché européen. Point fort de cette V4 : une accroche et un toucher de pied exceptionnels sur tous les terrains, par tous temps. Point faible : pompes fusillées après les 120 km de la TDS autour du Mont-Blanc fin août, avec des coutures et textiles qui ont sévèrement morflé sur les côtés. Ce point faible est encore plus criant sur la Xodus 5.0 orangée sortie depuis.
Dommage, car ces godillots sont une vraie réussite. Mais je ne perds pas espoir : « Saucony a eu de nombreuses remontées sur cette faiblesse du textile et prévoit de corriger le tir pour la nouvelle Xodus qui sortira à l’été 2015 », m’a assuré mon informateur de la boutique Spode, référence lyonnaise en course à pied. Vraiment hâte de voir ce qu’elle donnera.
Côté route, c’est tout l’inverse. Jusqu’à l’année dernière, mes choix étaient d’une simplicité enfantine : 100 % Mizuno et rien d’autre, tellement je me sentais bien dedans. Le “chausson” Wave Rider pour les entraînements standards et sorties longues malgré un gabarit plutôt léger (entre 63 et 66 kg suivant les saisons), les Wave Aero pour la piste et les compétitions à partir de 15 km, et les poids-plumes Wave Musha pour les courses jusqu’à 10 km.
> MIZUNO FOR(N)EVER
Durant des années, j’en ai commandé plusieurs paires par an, le plus souvent sur Internet, privilégiant les fins de séries ou produits soldés vu l’inflation galopante des prix. 135 € pour une paire de running qui va nous accompagner tout au plus 1 000 km, ça fait cher le kilomètre si l’on y ajoute l’indispensable panoplie pour ne pas se cailler les miches en hiver !
Seulement voilà, il y a eu une première sortie de piste il y a deux ans : la « Roll’s Rider », malgré des choix de couleurs parfois discutables – ce dont je me moquais éperdument – s’est sacrément “technicisée”. Qu’elles sont loin nos vieilles baskets entièrement recouvertes de similicuir. Plus légère, plus respirante, ma mariée s’est faite belle. Aguichante. J’aurais applaudi si cela ne s’était pas fait au détriment de la qualité et de la durabilité du produit.
Coutures systématiquement fusillées au bout de deux mois sur l’avant-pied, semelle qui s’use prématurément… Au bout d’un moment, trop c’est trop. Résigné, j’ai décidé de tirer une croix sur ma dulcinée. Je ne la reconnais plus. Je me sens floué. Trahi par la marque nippone. En apprenant que j’étais loin d’être le seul « Mizuner » déçu, je n’ai eu aucun état d’âme à me chercher une nouvelle compagne.
> SAUCONY PAS (COMPLETEMENT) RAVI
Evidemment, plus question d’achat sur Internet dans ce cas-là. Direction mes « pros » de la course à pied dans le centre de Lyon, comme à chaque fois que j’ai besoin de conseils. Là aussi, Saucony m’a fait excellente impression avec sa « Ride 6 ». Mais là encore, j’ai royalement déchanté : avant même que la semelle soit usée, celle-ci s’est décollée en plusieurs endroits, et des ouvertures béantes se sont formées sur les côtés. Vraiment top respirantes, ces Saucony, mais pas comme je l’imaginais. Terriblement frustrant, car le chaussant était superbe.
18 ans de course à pied… tout ça pour revenir à la case départ. Incapable de savoir quelle marque choisir. Pas normal qu’après tant d’années de pratique, j’en sois encore à me poser ce genre de questions. Alors, comment faire ? Dans ce cas-là, un peu de logique et de bon sens ne peuvent faire de mal.
Règle n°1 : n’avoir aucun a priori, quelle que soit le nom, la forme ou le coloris de l’enveloppe du pied. Règle n°2 : un modèle « pied universel » impératif tu choisiras, à cause de mon satané « pied grec » (celui-là, j’en parlerai prochainement). Règle n°3 : faire une rétrospective dans ma tête de tout ce que j’ai testé par le passé pour retrouver trace des détails qui pourraient s’avérer points forts.
Et puis l’illumination m’est venue en janvier, durant la propice période des soldes. Une paire hybride trail-route Salomon Crossmax, dans laquelle je ne me suis jamais senti à l’aise, m’avait cependant interpelé : même en fin de vie, aucun signe d’abrasion à l’arrière de la semelle, côté extérieur, comme j’en ai l’habitude. Autre indice : mes “chaussons” Nike free run dans lesquels je passe tous mes week-ends sont un bonheur absolu, et là aussi la semelle ne bronche pas. Deux expériences inédites tout simplement sidérantes pour un dézingueur de pompes de ma trempe.
> NIKE… EN TOUTE LOGIQUE ?
Et si la solution, c’était un mix Nike + semelle plate, tout compte fait ? Perdu pour perdu, autant tester la marque que je me suis toujours refusée, car soi-disant réservée aux coups de pied étroits. Après tout, mes Free Run ne se sont jamais déformées, malgré le scepticisme du vendeur qui m’avait fait essayer ma première paire. L’astuce, c’est de prendre deux pointures au-dessus de sa taille “ville”, tout simplement.
Mais choisir un modèle Nike sur le web quand on y connaît rien, vu le choix pléthorique, c’est un peu comme mon fiston devant un linéaire plein de Lego Star Wars : va faire ton choix, tiens… A l’intuition, j’ai finalement jeté mon dévolu sur deux modèles. Pour commencer, les Nike Zoom Pegasus, 31e du nom. Une valeur sûre du running, dont la toute dernière version présente un différentiel pointe-talon minime : une chaussure aussi plate que la route de Vannes, absolutely perfect !
Et des fois que ces Pegasus se sentiraient orphelines dans mon dressing riche en marque estrangères, je leur ai trouvé une séduisante cousine pour les entraînement rapides et courses sur route jusqu’au marathon : les Nike Flyknit Lunar 2, nom barbare pour l’amorti le plus léger de la gamme Nike (hors free run que je ne considère pas comme des chaussures de course à pied). Sensations inédites et séduisantes dans les deux cas, comme souvent avec des running neuves.
Je m’abstiendrai de les encenser à ce stade, même si force est de reconnaître que côté look et déclinaison des coloris, Nike est incomparable sur le marché du running. Rois du marketing, est-ce que ça accouche pour autant de princesses futures de l’endurance et de la distance ? Verdict dans quelques semaines, quand j’aurai torturé mes nouvelles protégées sous tous les angles. Les « tests » en avant-première des équipementiers, j’ai appris depuis longtemps à m’en méfier.
Crédits photo : Salomon, Trail Running Review, Nike.
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Commentaires (2)
Philippe
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Salut Ben,
Je te rejoins pleinement sur la difficulté à trouver une bonne paire de chaussures, et surtout à ce que l’heureuse élue soit maintenue à peu près à l’identique d’une saison à l’autre.
A l’heure actuelle de nombreuses marques manquent de constance dans la qualité de leurs produits : à un an d’écart un même modèle peut varier de chaussant, de pointure, et les matériaux employés peuvent évoluer également. Parfois cela va dans le bon sens, mais malheureusement il n’est pas rare qu’il y ait certains loupés.
Sur l’année écoulée plusieurs marques ont connu des déboires sur au moins un de leur produit, soit parce que le nylon craquait prématurément (plusieurs marques sont concernées), soit parce que un contrôle qualité trop hâtif a laissé passer un défaut de stabilité (30.000 paires identifiées et retirées de la vente).
Bref, pour juger de la qualité d’une chaussure dans le temps (critère ô combien important pour chacun d’entre nous), il faut…du temps justement ! Et il est difficile d’avoir du recul sur les nouveaux modèles, surtout lorsque l’on sait qu’ils ont évolués par rapport aux anciens, que leurs successeurs seront également différents, et que tout cela se renouvelle à vitesse grand V.
Et également tu as raison lorsque tu dis que les chaussures durent moins longtemps qu’avant : la légèreté et la souplesse sont de mise, mais au détriment de la durée de vie. Il n’y a pas (encore) de formule magique : dans l’immense majorité des cas, moins de poids se traduit par moins de kilomètres à parcourir. D’ailleurs plusieurs marques sont allées trop loin dans ce domaine, et ont perdu un peu de leur notoriété et de leur crédibilité.
Cependant certaines d’entre elles tiennent compte de leurs erreurs passées, et on en voit quelques-unes faire machine arrière, notamment en ce qui concerne l’épaisseur des semelles. Celle-ci est revue à la hausse sur plusieurs produits sur cette saison, et ce sera également le cas pour d’autres la saison prochaine, c’est tant mieux. Et puis concernant la fragilité des nylons, certaines chaussures prévues pour la mi-2015 vont recevoir un renfort au niveau du gros orteil. Houra ! Il faut garder espoir !
En tout cas tu sembles avoir trouvé un bon équilibre avec tes nouvelles basket, c’est chouette ! (ça rime).
Ton informateur lyonnais 😉
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yesben
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Philippe,
un grand merci pour ces précisions d’un professionnel avisé & sincère dans son analyse.
Ton commentaire conforte mon analyse empirique, issue de ma propre pratique. Je ne tire surtout pas à boulet rouge sur les équipementiers, qui font un travail remarquable pour nous sortir du matos de plus en plus performant et confortable. Mais force est de constater que certains ont poussé le curseur un peu loin…
Bien content de constater que certaines marques s’en rendent compte et commencent à faire marche arrière, ou tout au moins un pas de côté, dans le but de mieux satisfaire leurs consommateurs.
Pour autant, je reste méfiant sur tous les tests produits qui fleurissent dès la sortie d’une nouvelle paire de runnings : j’estime que c’est sur la durée qu’on peut juger si un produit est bon ou pas. Car lorsqu’on les enfile neuves, toutes les chaussures ou presque sont confortables. C’est au bout de quelques semaines ou mois que cela se gâte souvent 🙂
Donc pas d’optimisme béat avec mes nouvelles compagnes de route Nike : elles auront droit à un verdict argumenté d’ici quelques semaines et centaines de km, mais pas avant !
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