Lyon Urban Trail by Night 2014, version fièvre du samedi soir

Written by yesben. Posted in Comptines 2014

2014-Lyon Urban trail by night-1

Ce Lyon Urban Trail me rend dingue. Ses escaliers sont encore mieux qu’un fondant au chocolat : je les dévore… et ils me le rendent bien. Plongée dans la déclinaison du LUT “by night”, savamment orchestrée malgré quelques cafouillages.

> SOUVENIRS D’ANCIEN COMBATTANT

Quand on a eu le privilège d’être lauréat du Lyon Urban Trail (en 2009 sur le 42 km), la simple évocation de cette course OVNI ravive des émotions restées intactes. Une fois, dans ma vie, j’ai eu droit à ma minuscule demi-heure de gloriole. Sur le coup, je l’avais d’autant mieux savourée que j’étais parfaitement conscient qu’une telle occasion ne se renouvellerait pas de sitôt, vu l’inflation galopante du niveau ces dernières années. Trop fortes pour moi, les générations montantes du trail !

2014-Lyon Urban trail by night-2.JPG

En attendant, mon trophée de 1er au scratch, je l’avais gagné pour la vie, espérant d’autres occasions retentissantes… que j’attends (pour) toujours ! Je me souviens encore de la poignée de main franche de Thierry Braillard, adjoint aux Sports à la ville de Lyon, qui était épaté qu’on puisse s’époumoner de la sorte. J’ai oublié quelle con-ner-rie je lui avais balancé, il s’était marré. Est-ce que je me serais mieux tenu si j’avais su que le bonhomme deviendrait secrétaire d’Etat cinq ans plus tard ? Aucun risque. Derrière l’habit et le moine, nous sommes (presque) tous semblables…

C’est idiot, mais ces images en tête m’ont presque mis en émoi au moment d’épingler mon nouveau dossard estampillé “LUT” ce samedi 15 novembre 2014. Quelques instants avant le départ de ce “revival by night” sur les hauteurs de la Saône, disputé à guichets fermés – un 24 km et un 13 km au programme –, un grand frisson m’a traversé tout entier, du gros orteil aux sourcils.

Une course délicieuse avant même d’avoir démarré, ça te réconcilie avec la dure réalité de l’entraînement. Résister à l’appel du canapé pour une danse ensorcelée sous la pluie cinglante, c’est pas donné à tout le monde… « Qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse », a écrit un jour le très inspiré Alfred de Musset. Je t’embrasse sur les deux joues mon lapinou : oui, tant qu’il y aura du plaisir, je continuerai de me délecter de chaque instant en courant. Quand bien même les années passent et que le niveau du bestiau a été correctement raboté ces dernières années.

> URBAN TRAIL, COURSE DE NAZES ?

2014-Lyon Urban trail by night-3

4 000 bipèdes pour cette première un samedi soir de novembre humide : c’est dingue de voir comment le concept de « l’urban trail » a pris son envol, alors que certains tiraient à boulet rouge lorsque les initiateurs d’Extra Sports lancèrent la version “test” en 2008 à Lyon. « Comment ça, un trail dans la pollution et sur le bitume ? C’est du grand n’importe quoi ! Ce sport est en train de perdre son âme ! » Que n’avait-on pas entendu à l’époque…

La bande à Michel Sorine et Sébastien Olive, par ailleurs organisatrice de l’internationale SaintéLyon, avait une ambition autrement moins tortueuse : « Cela faisait quelques années que nous avions une petite idée derrière la tête, en faisant des séances de dénivelé dans les escaliers de la Croix-Rousse en prévision des grands trails d’été. Le potentiel incroyable de la ville de Lyon pouvait indéniablement permettre de tracer un vrai parcours trail de 40 km. » Chiche, pic et colégram : le concept était né.

Si les débuts du LUT furent laborieux – tout de même 1 900 coureurs dans la capitale des Gaules en 2008, contre plus de 7 000 cette année –, le “trail urbain” est devenu un phénomène de société, s’exportant un peu partout en Europe. Et se déclinant depuis quelques mois en sessions d’entraînement “City Trail” organisées par la très “outdoor” marque Salomon.

2014-Lyon Urban trail by night-4

Tout fout le camp au royaume du trail, mais plus personne ne s’offusque de ces sorties de pistes. Rien qu’en France, une bonne quinzaine de villes ont suivi Lyon avec plus ou moins de bonheur : Blois, Saint-Etienne, Toulouse, Marseille, Bastia, Montpellier, Quimper, Sète, Hyères, Angers, Poitiers… et bientôt Nîmes qui emmènera le peloton pour un voyage dans le temps, des arènes romaines au pied de la Tour Magne (octobre 2015).

> L’IVRESSE DES ESCALIERS

La recette du succès du trail urbain ? Des parcours ludiques et nerveux, agrémentés d’escaliers, traversant des hauts lieux historiques et culturels, dont certains habituellement non ouverts au public. Même les locaux, qui croient connaître leur ville comme leur poche, n’en reviennent souvent pas.

Ces parcours version Mario Kart, où ça tournicote dans tous les sens, où il faut remettre les gaz toutes les 30 secondes, et où les sorties de route guettent à chaque angle de ruelle, moi ça me met en transe. Sauter les marches deux à deux en débranchant le bulbe rachidien sous la pluie, ça me rend ivre. Encore plus fort effet qu’un demi-litre d’absinthe de contrebande ingurgitée cul-sec !

2014-Lyon Urban trail by night-5

En apprenant que l’Urban Trail made in Lugdunum allait accoucher d’une petite sœur à l’automne 2014, mon sang n’avait fait qu’un tour : « Pas possible de manquer pareille inauguration. » La nuit humide, les pavés glissants, les marches perverses découvertes au dernier moment malgré le halo de la frontale, les tapis de feuilles réservant des divines voire injurieuses surprises… J’adore ces “cadeaux de Noël” à gogo avant l’heure. Certaines paires de cheville s’y sont perdues en route, paraît-il…

A quelques jours du départ, je me surprenais même à prier pour qu’il pleuve sur cette nocturne citadine. Pas complètement fini le garçon. Mais ça, ce n’est pas une révélation. Plus il faut s’appliquer à  déconnecter la tête des jambes et accepter l’idée d’envoyer du bois sans retenue, plus je suis dans mon élément.

> LYON & SES MONTAGNES DE SECRETS

« A vaincre sans péril on triomphe sans gloire ». Elle est cool, cette citation de Corneille (Le Cid). En course à pied comme dans la vie, on gagne beaucoup à tenter, quitte à s’estropier de temps à autres. C’est le jeu. D’un côté, l’assurance d’une explosion d’adrénaline plus ou moins maîtrisée et la satisfaction d’avoir osé, même quand ça ne marche pas. De l’autre, le refus de toute prise de risque et de perte de contrôle. Entre les deux, tracez votre propre destinée : d’un point de vue olfactif, l’un délivre un tout autre parfum, sans vouloir influencer…

2014-Lyon Urban trail by night-6

En “urban trail” comme dans la vie, les apparences sont parfois trompeuses : un trail version bitumineuse, ça peut être aussi technique qu’un chemin de montagne. Tout particulièrement à Lyon, où le nombre d’escaliers au km2 est à ma connaissance inégalé en France.

Plus tu en cherches entre Rhône et Saône, plus tu en trouves, en tous genres : des petits, des maigres, des traitres, des gros, des glissants, des super salauds. Même s’ils ne sont jamais très longs (70 mètres de dénivelé positif non-stop tout au plus), qu’est-ce que c’est bon à chaque fois de les emprunter… Du lactite en barres qui vaut tous les appareils chromés des salles de fitness surchauffées. Pour s’en convaincre, un seul mode d’emploi : les essayer.

2014-Lyon Urban trail by night-6-bis

Première surprise de ce LUT by Night : hormis une courte incartade sur la presqu’île, tout le parcours était concentré sur la butte de Fourvière, le Fort de Vaise et les contreforts sauvages de Sainte-Foy-lès-Lyon. Rien à voir avec la version diurne du LUT, et rien que ça, c’était une chouette surprise. Découvrir des quartiers inexplorés, s’engouffrer dans la quasi-jungle si proche de la ville, je ne m’attendais pas à cela.

> BOUCHONS LYONNAIS AU PREMIER DEGRE

Seule déception : moins de marches qu’espéré, mais on ne peut tout ingurgiter à la fois, boulimiques vertébrés que nous sommes. La première partie de course nous a quand même réservé quelques truculents escaliers. Je les affectionne tant, surtout en descente, exercice si particulier où même les meilleurs peuvent perdre leurs dernières illusions…

2014-Lyon Urban trail by night-7

Après le « Ultra Violet-Light my way » de U2 réservé à la SaintéLyon, quel hymne allait nous entonner le speaker pour le départ ? Evidemment le très actuel « A sky full of stars » de Coldplay, craché par des enceintes survoltées. Chouette moment, ça faisait « boum-boum-badabam » dans mon coeur. Un brin moins réjouissante sera la suite : dévalant les premières pentes à plus de 18 km/h, nous avons trop rapidement rattrapé l’arrière-garde du peloton du circuit du 13 km, dont la dernière vague ne s’était élancée qu’un quart d’heure avant nous.

Oh les jolis paquets de bouchons ! Quel joyeux bordel pour se frayer un chemin parmi des coureurs au bord de l’apoplexie dans ces interminables montées d’escaliers. Brute de décoffrage cette entame de course : dru dans l’pentu, tantôt vers le ciel, tantôt vers la Saône, tantôt version auto-tamponneuse.

Lyon

The « king of the dancefloor », John Travolta himself, aurait été bien incapable de suivre notre rythme endiablé avec son pas de danse de midinette : zig, zag, accélérations, décélérations, antipatinage et aérofreins pour éviter les collisions… Ah ça oui, nous avions le total rythme dans la peau pour slalomer sans striker. Complètement « Ah, ah, ah, ah… staying alive » plus d’une heure cinquante durant, j’avais rarement vécu un truc aussi ahurissant / grisant / stressant, voire énervant…

> VETERAN 1… ADMIS AVEC MENTION

Franchement, quelle mouche a piqué l’organisation d’envoyer 4 000 lucioles à quelques minutes d’intervalle dans d’aussi étroites ruelles ? C’était une première, on pardonnera… Mais assurément le gros point noir à revoir l’an prochain. Hormis cet accroc, je me suis amusé comme un gamin sur un manège : « Allez papa, s’te plaît, je peux essayer celui-là ? En-core, en-core ! » J’ai accumulé tellement d’envie et de plaisir sur cette course que je me suis immédiatement pris au jeu, m’accrochant à une honorable 15e place au scratch sur 1 700 partants (1h55’50 pour 24 km et 850 D+).

2014-Lyon Urban trail by night-9

A vrai dire, je m’attendais à rentrer davantage dans le rang vu ma forme du moment. Pas de quoi fanfaronner cependant car à 10 mn du vainqueur, mais à moins de 150 secondes de la 4e place. Tiens, tiens, avec un peu d’entraînement… Si ces p… de crampes plantées droit dans les deux mollets en même temps ne m’avaient pas assassiné à quelques encablures de l’arrivée, j’aurais pu chantonner un peu plus fort. Mais qu’importe le classement, tant j’ai viré, ivré et chaviré.

Patience, mon garçon, ce n’est que le début de ta rédemption. Ta première course chez les “vieux”, fort bien choisie, signée d’une 3e place chez les V1. C’est malin, ces catégories pour pré-grabataires d’à peine 40 ans, elles vont m’inciter à me reprendre au jeu !

2014-Lyon Urban trail by night-10

2014-Lyon Urban trail by night-11.JPG

2014-Lyon Urban trail by night-12.JPG

2014-Lyon Urban trail by night-13.JPG

2014-Lyon Urban trail by night-14.JPG

2014-Lyon Urban trail by night-15.JPG

Photos : Gilles Reboisson, Maxime Jegat.

Illustrations : Matthieu Forichon (desbossesetdesbulles.com)

Le film du Lyon Urban Trail by Night 2014 (réalisation Laurent Brière)

Mots-clefs :

Rétrolien depuis votre site.

Laisser un commentaire

Time limit is exhausted. Please reload CAPTCHA.

Follow me

Une suggestion ou idée ?

< < C'est ici !

Reproduire un texte ?

Pas de souci les amis ! Mentionnez juste ©AMSPT avec l'URL