Le matin, c’est divin

Written by yesben. Posted in MOT A MAUX

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Prendre son pied au réveil, y’a pas mieux pour démarrer la journée. Entre la version « matin câlin » et… une sortie baskets aux pieds dès potron-minet, vous préférez quoi, franchement ?

> REVEIL-MATIN ORGASMIQUE

Comme d’habitude, en bon épicurien que je suis, je ne choisis pas : je prends les deux ! J’aime les sorties ultra-matinales le week-end, avec un choix cornélien sitôt la douche passée : je retourne sous la couette ou je file chercher croissants, ficelles et l’Equipe Mag que je dévorerai juste avant que la maisonnée s’éveille ? Je n’ai pas encore osé tenter l’option « all inclusive », pas sûr que je sois bien accueilli au lit.

Ça, c’est l’esquisse d’un début de journée potentiellement idyllique.  Mais avec ou sans course à pied ? Force est de reconnaître que cette fichue pratique sportive, qui s’est engouffrée dans ma vie sans me demander mon avis, aime jouer les casse-pieds dans une existence à bien des égards trop remplie. Père de famille, copilote d’une petite fabrique, mari, chef de chantier invétéré à domicile, coureur à pied, grondeur de chat, coach mental pour jeunes sportifs en devenir… Pfff, des journées de 36 heures ne seraient pas de trop dans ma semaine, alors 24 heures, n’en parlons pas.

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Durant des années, à compter de la naissance de mon fiston en 2002, je me suis imposé une règle pour préserver une certaine tranquillité familiale : les sorties course à pied, c’est le matin avant que le soleil et mes protégés se lèvent. Point à la ligne. Non négociable. Le problème, avec une chère et tendre au sommeil léger, quand le « drelinnnnnnnn !!!! » fait une embardée à 5h15 du matin, ça lui fait l’effet inverse d’un baiser dans le cou. Genre Taser sur le bout du truc. Ça doit picoter sec. Changement de réveil, une fois. Passage au téléphone portable, deux fois. Mélodie suave, trois fois. Option « vibreur silencieux » : merveilleuse idée sur le papier, mais avec mon sommeil de plomb, je l’ignore et continue à écraser…

> AU CLAIR DE LA LUNE, M’EN ALLANT PROMENER…

Le radio-réveil branché sur Europe 1 l’a finalement emporté – on a connu plus glamour, je sais –, avec une élévation sonore calée au micro-décibel près. Ah la belle idée ! Si, par malheur, il m’arrive de rêvasser deux minutes avant de me lever, le coup de coude délicat de madame me rappelle immédiatement à l’ordre : « Tu fais chier avec ton réveil à pas d’heure, tu te lèves ! » Même pas le temps de capter le regard réprobateur de ma reine des rêves, que le short et les baskets sont déjà enfilés. « Merci, suis déjà parti ! Bien sûr que non, je ne fais pas de bruit en claquant la porte ! »

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En à peine quinze minutes et un grand verre d’eau englouti, une journée de plus démarre sous les meilleurs auspices. Peu m’importe qu’il vente, pleuve ou neige… ou que les éboueurs soient déjà là à ramasser les poubelles. Juste le plaisir d’apprécier ce silence de luxe, observer la nature qui s’éveille, sentir ma respiration se mettre en route et mes jambes rouillées se métamorphoser. Pourquoi si peu de bipèdes profitent de cette magie qui vous inonde de soleil intérieur ? Régulièrement, mon chemin croise nos voisins écureuils, biches, chevreuils, faisans et chants d’oiseaux que l’on ne peut entendre à nul autre moment de la journée. Enivrante alchimie.

Quand, une fois ma tenue de citadin enfilée, je grimpe dans la voiture vers la ville, et me fais inévitablement klaxonner et hurler dessus parce que je n’ai pas embrayé dans la seconde et demi après le feu vert, je me contente de sourire. « Je plains toute cette bande d’excités : en furie avant même de démarrer leur quotidien, qu’elle doit être joyeuse leur existence… »

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> HUMEUR BADINE

Après avoir couru d’humeur matine, non seulement tous mes sens sont en éveil, mais je me sens pleinement vivant. Tout simplement heureux et prêt à supporter les caprices de la terre entière. Essayez de m’atteindre, je ne ressens que de la zénitude autour de moi. Et j’ai l’esprit serein : je peux m’épuiser autant que je veux au travail, sans avoir dans un coin de la tête cette « satanée séance qui va décidément être impossible à caser avant le souper. »

Evidemment, en m’exprimant ainsi, je dépeints des matins faciles et aériens. Comme si c’était donné à tout le monde de se lever avant que le coq ait fait ses vocalises. « Ouais, mais toi t’es du matin », me font remarquer certains. Perdu, j’aime aussi veiller le soir. « Dans ce cas, t’as beaucoup de chance d’avoir besoin de si peu de sommeil. » C’est ce que je croyais aussi. Le problème, quand on fait un job sans horaires fixes et derrière un ordinateur portable, boucler des dossiers à la maison en soirée peut vite devenir une fâcheuse habitude.

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Quand le corps est plongé dans un semi-coma, quand la tête ne commande plus que les rêves, quand une bise glaciale vous attend derrière la porte, qu’est-ce qui peut bien conduire à s’extirper des bras de Morphée ? C’est souvent compliqué, j’en conviens. Soulever cette satanée couette qui nous étreint, c’est autrement plus difficile que ce mignonnet « mur du 30e km » qui nourrit la légende marathonienne. Désolé, messieurs-dames, je n’ai pas de méthode coué pour vous aider à vous lever. Sauf ce vécu, inestimable : je connais par cœur le spectacle et cette douce sensation qui vont m’envelopper tout entier une fois dehors.

> LA VIE, LA VRAIE, DEBOUT !

Bizarrement, plus les années passent, plus mon corps me réclame du repos. Et encore un peu de rab de sommeil, l’air de rien : jusqu’à plus de 7 heures, inimaginable il y a quelques années. Etonnante trajectoire pour un modeste homme sensé être comme ses pairs et avoir moins besoin de dormir en vieillissant. Evidemment, j’écoute ce que me réclame ma carcasse – bon, juste ce qu’il faut –  pour qu’elle tolère de se mouvoir à des allures encore acceptables dès que je me transforme en « running coton tige ». J’ai heureusement une chance inestimable, en plus d’une merveilleuse épouse : une qualité de sommeil exceptionnelle, doublée d’une faculté à m’écraser en quelques secondes, à n’importe quelle heure de la nuit et du jour. « Douce sieste, c’est où tu veux, quand tu veux ! »

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Depuis quatre ans, ces sorties extra-matinales sont devenues trop épisodiques à mon goût. En écrivant ces lignes, je compte bien annihiler mon coupable péché de fainéantise qui m’envahit aussi subtilement que sournoisement : stop au “lâcher prise” et au relâchement qui ne me ressemblent guère. « Mmmmhhhh… on est si bien sous la couette. »

Ce n’est pas une raison. Quand on a eu la chance d’assister à autant de levers de soleil faisant s’embraser au loin la chaîne alpine, depuis mon poste d’observation des monts d’Or lyonnais, on ne peut être qu’être animé par cette envie : s’extirper de la nuit, visser la frontale et repartir à l’assaut du Mont Thoux (609 mètres) pour admirer dame Nature s’éveiller.  La vraie vie, simple et authentique, dans toute sa splendeur.

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Illustration : © Matthieu Forichon – www.desbossesetdesbulles.com
 

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Commentaires (1)

  • LK

    |

    Ca donne envie !

    Répondre

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