Star du marathon de Rotterdam malgré elle

Written by yesben. Posted in MOT A MAUX, ZAP

L’anonyme Kelly De Ridder ne se doutait pas que ses 42,195 km sur le marathon de Rotterdam  se termineraient dans une telle apothéose ce dimanche 9 avril 2017. Chers organisateurs, vous êtes géants !

> A nos héros du macadam

La magie d’un marathon international, c’est quoi ? Les 50 000 € promis aux lauréats du marathon de Paris ce dimanche 9 avril ? La barre mythique des 2 heures que Nike & Adidas se sont mis en tête de pulvériser avec leurs athlètes superbioniques, à grands coups de slogans marketing ? Ou plus simplement le truc qu’il faut avoir fait au moins une fois dans sa vie pour ne pas être étiqueté « bon à rien » ? Même pas, car les héros d’antan sont aujourd’hui relégués au rang de doux joggers. Les virils, les couillus, les vrais poilus, ce sont les finishers de l’UTMB & du Tor des Geants. Rien d’autre !

Galvaudez la distance reine de la course à pied tant qu’il vous plaira, elle restera le théâtre d’histoires sans pareil, dont les générations futures parleront encore. Comme celle de cette vaillante habitante de Zoetermeer en Hollande méridionale, inconnue au bataillon des  jusqu’à dimanche matin et qui, depuis 24 heures, est LA star des Pays-Bas, de la télévision et des réseaux sociaux, de la Mer du Nord jusqu’aux confins de la galaxie. Célébrité éphémère, malgré elle.

Quoi ? Encore une qui, à l’instar de l’effronté inconnu sur le marathon de Paris 2016, a osé prendre la poudre d’escampette dès les premiers hectomètres pour voler la vedette aux stars kényanes et éthiopiennes ? Rien de tout cela. A vrai dire, sur la ligne de départ, notre Kelly nationale, bientôt reine du plat pays, n’en menait pas large. Sa hantise : ne pas être fichue de rallier cette satanée arrivée. Trop dur, trop loin, trop-matisant, ce satané bitume.

> Ô temps, suspends ton vol

6h30 plus loin, la douleur lui rappelle combien elle est toujours en vie. Et qu’importe le fait qu’elle soit en dernière position. Tellement fière d’être encore debout, sur la piste aux étoiles, alors que le vainqueur du jour Marius Kimutai (2h06) aurait pu accomplir trois fois la distance. Tandis qu’elle jette ses dernières forces dans la bataille, un cortège de motos et voitures officielles se glisse dans son sillage à l’entame du dernier kilomètre. Le concert de klaxons et sirènes réveille tout Rotterdam. S’en suit une improbable acclamation de la foule restée nombreuse, qui dure, dure, et qu’elle n’oubliera pas de sitôt. Le reste, un épisode hors du temps.

L’hymne des Red Devils de Liverpool, le fameux « You’ll never walk alone », perce alors ce brouhaha. Son visage s’illumine. Les larmes mêlent fatigue et ivresse du marathonien conquis, ajoutant à l’émotion. Elle lève les bras en triomphe, incrédule. Rien n’est oublié pour honorer la dernière de l’épreuve, plus méritante parmi les pénitents. Les canons à confettis subliment les images en direct sur la télévision nationale. Et voilà comme une illustre inconnue est accueillie mieux qu’une world recordwoman sur la piste olympique.

Magique préméditation de l’équipe organisatrice, qui lui remet un tee-shirt, unique. La tête dans les étoiles, une Kelly radieuse et transformée s’imprègne toute entière de la ferveur populaire. En choisissant une élue parmi 30 000 autres héros, l’épreuve a définitivement gagné ses lettres de noblesse. Paris 2018, méfie-toi de Rotterdam l’ultra-bienveillante !

 

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Commentaires (2)

  • benoit

    |

    Merçi pour l’article,

    Je dis chapeau à KELLY pour sa course…
    Elle a du  » avoir les poils » sur le dernier kilomètre (moi je les ai eus en regardant la vidéo)… et aussi félicitation aux organisateurs, car cela replace « l’effort et la ténacité au centre de l’épreuve »…

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    • yesben

      |

      Benoît, tu es saisi derrière ton écran, alors imagine-toi un instant à sa place… Je pensais qu’elle allait craquer sitôt la ligne franchie, mais elle a l’air tellement incrédule sur les images qu’elle n’a dû réaliser que plus tard ce qui lui arrivait. Encore un grand moment comme le marathon sait les créer. Rotterdam ne pouvait « s’acheter » plus belle publicité.

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