Remember me… New York City Marathon (2004)

Written by yesben. Posted in MOT A MAUX

NYC-2004-0.JPG

10 ans déjà. Le 7 novembre 2004, j’accomplissais un rêve de gamin en prenant le départ du New York City Marathon. Une ambiance indescriptible, plus forte que tout ce qu’on m’avait décrit. De loin mon plus grand moment de course à pied après quinze années de pratique. Plongée en images.

> SUPERLATIFS A GOGO

Les mêmes frissons me parcourent chaque fois que j’entends résonner ces trois lettres : N-Y-C. Un paradoxe de plus chez le bipède pressé que je suis. Amoureux des grands espaces et de montagne, je devrais en principe détester par-dessus tout cette “Big Apple”, symbole même de l’urbanisation mondiale. Allez savoir pourquoi, elle me fait l’effet l’inverse. Elle m’attire irrésistiblement. Sans doute parce que nous sommes tous deux un peu pareils : excessifs.

Ville la plus peuplée des Etats-Unis, avec une population – 8,2 millions d’habitants – deux fois supérieure à la 2e ville du pays, Los Angeles, New York la boulimique ne semble concevoir la vie qu’en version “king size” : 3e ville la plus chère du monde au niveau de l’immobilier (derrière Londres et Monte Carlo) ; 36 % d’habitants nés à l’étranger ; 170 langues parlées ; 48 % des habitants s’exprimant dans une autre langue que l’anglais à la maison ; 45 gratte-ciel supérieurs ou égaux à 200 mètres, contre 24 dans toute l’Europe : la moins américaine des villes US dévore le temps avec un appétit XXL. Qu’elles sont loin les années 1750, où la cité ne comptait que 22 000 âmes…

NYC-2004-1.JPG

aerial view of manhattan and central park

Venons-en aux faits : New York ne me ferait certainement pas autant d’effet sans son marathon, qui a propulsé la mode populaire des grandes kermesses s’étirant sur 42,195 km il y a 34 ans. Plus que jamais de file du “Big 5” mondial des marathons (avec Chicago, Londres, Paris et Berlin, auquel mériteraient d’être ajoutés les très populaires Tokyo et Boston), le NYC Marathon continue d’empiler les records.

> DOSSARD A UN DOLLAR, MÊME PAS CAP !

Avec 50 881 partants pour cette édition 2014, assez loin devant les 38 000 finishers de Chicago, la capitale économique des Etats-Unis a établi un nouveau record mondial : 5 fois la distance de la Terre à la lune courus par l’ensemble des participants ! Ajoutez-y 2,5 millions de spectateurs, 1 300 nationalités au départ, 12 000 bénévoles, 2 375 toilettes mobiles installées le long du parcours, 1 500 caméras disposés par CNN qui assure la retransmission TV (soit une caméra tous les 280 mètres !), ainsi qu’un droit d’inscription “salé” pour les coureurs étrangers (347 $ contre “seulement” 216 $ pour les résidents américains) : bienvenue au royaume de la démesure !

Qu’elle semble d’un coup loin, la première édition disputée en 1970 dans une ambiance intimiste à Central Park. 127 zélés avaient honoré un ridicule petit dollar d’inscription pour participer à cette édition collector. Devant une centaine de spectateurs hébétés de voir ces coureurs tourner en rond autour de Park Drive, seuls 55 participants – aucune femme n’était inscrite – avaient rallié l’arrivée.

NYC-2004-2.JPG

NYC-2004-2-2

Parmi eux, l’américain Gary Muhrcke, qui restera à jamais le 1er vainqueur du marathon de New York, malgré un très modeste chrono de 2h31 (au début des années 1970, le record du monde était alors détenu par l’australien Derek Clayton en 2h08). Une belle prouesse néanmoins pour cet inscrit de dernière minute : blessé, il effectuait son retour après trois semaines de repos forcé…

> PAS TRES RAPIDE, MAIS QUELLE SONO !

Non, le trail n’a pas totalement cannibalisé la course sur route. C’est une certitude quand on observe la ferveur qui entoure Big Apple chaque premier dimanche de novembre. Toute la ville vit et vibre pour son marathon, sans doute parce que les organisateurs, malins, ont tracé un parcours qui épouse les 5 “boroughs” (arrondissements) que compte la ville : Staten Island, Brooklyn, Queens, Bronx et Manhattan où a lieu l’arrivée, au cœur du “poumon vert” Central Park. Chaque habitant a droit à sa part de la fête et c’est tant mieux !

Les chronos restent très éloignés des ultra-plats Berlin ou Rotterdam (record du monde en 2h02 cette année à Berlin contre 2h09 pour la vainqueur à New York), en raison d’un parcours trop bosselé (250 mètres de dénivelé positif, merci les ponts), et à vrai dire, tout le monde s’en fout. Car ce n’est pas une perf qu’on vient chercher quand on court NYC Marathon. Lisez donc ce qui suit…

NYC-2004-2-3.JPG

NYC-2004-2-4

La première image qui me revient de mon inoubliable périple en 2004, c’est ce brouhaha terrible à la sortie de chaque pont. A tel point que nous nous demandions si nous n’étions pas en train d’assister à un tremblement de terre. Partout, dans le Queen’s, le Bronx, jusqu’à l’arrivée dans central Park, nous avons assisté, médusés, à la même frénésie et fureur de vivre.

> CHAIR D’AUTRUCHE NON-STOP

Difficile de croire “Big Apple” capable de s’embraser 42,195 km durant. Les New Yorkais ? Tous dans la rue, livrant des encouragements à peine croyables tant qu’on n’a  pas vécu cette ambiance de l’intérieur. A côté, U2 au stade de France ou Violetta au Casino de Paris, niveau ambiance, pffff… ils peuvent aller se rhabiller ! « Allez France » ; « Goooo, you’re wonderful ! » ; « You’re easy man, enjoyyyy !!! », tandis que des groupes et autres musiciens déjantés terminaient de sonner le réveil des endormis du dimanche matin. Cela n’a pas arrêté pendant plus de 3 heures, à nous en faire péter les tympans.

Et moi, ignorant petit français, dire que je n’osais pas sortir mon maillot drapé d’un joli « bleu-blanc-rouge »… J’ai découvert une réalité toute autre que ce que voulaient bien nous laisser penser les médias de l’Hexagone. Quelle p… de fucking cote de popularité dont nous jouissons dans tout Big Apple ! J’avais presque de la peine pour mes voisins italiens, espagnols ou hollandais, qui n’avaient le droit qu’au tiers de la clameur qui saluait notre passage. Les petits « fromages qui puent » vous saluent bien ! Bon, c’est vrai, la cosmopolite NY n’a pas grand-chose à voir avec l’Amérique profonde…

NYC-2004-3.JPG

NYC-2004-3-2

Pour la première fois de ma vie, j’ai fini un marathon en planant, le cœur léger et les yeux embués par tant d’amour offert par les new yorkais. Je crois même qu’avec mon binôme du jour, le père Nicolas, nous avons fini en transe. Malgré le footing d’1h30 la veille dans Central Park (c’est qu’à 29 ans, je pétaradais encore), pas une douleur musculaire dans les jambes à l’arrivée de cette course disputée à allure d’entraînement – rapide mais pas trop en 3h06 – pour profiter de chaque instant et communier avec la foule. En revanche, nous avons gagné une quasi extinction de voix à force de crier et de remercier les spectateurs. Autre effet “kiss cool”, le lendemain : incapable de mouvoir nos bras et épaules, tétanisés à force d’avoir tapé dans les mains qui se tendaient vers nous durant 3h06 de bonheur.

> MIEUX QUE MES PLUS BELLES MERDAILLES ET COUPES QUI FONT « BLING BLING »

Pfff… une fois que tu as vécu cela en course à pied, difficile d’espérer mieux. Des joies intense, j’en ai pourtant connu quelques-unes depuis, baskets aux pieds. Pas plus tard que trois semaines après, je terminais à une flatteuse 10e place sur la SaintéLyon (5h31). Cinq ans plus tard, j’enchaînais avec un podium au marathon de Sénart puis une inattendue victoire sur les 42 km de l’Urban Tail de Lyon (les cadors, ils avaient qu’à venir, d’abord !). Comme quoi la performance ne fait pas tout en sport…

NYC-2004-4.JPG

NYC-2004-4-2

Alors en club à Nîmes Marathon, ce périple à NYC a en plus été l’acte fondateur de ma joyeuse tribu de Nîmes Trail Attitude, créée quelques mois plus tard : la découverte d’une vraie bande de copains, et l’envie d’aller plus loin, jusqu’à l’organisation du joli petit Hivernatrail dans la garrigue nîmoise en hiver qui vole désormais de ses propres ailes, en attendant le très attendu Nîmes Urban Trail début octobre 2015. Merci New York, merci la vie de nous offrir de tels moments de réjouissance et de célébration. Je ne sais pas quand, mais j’y retournerai, c’est certain…

Pour la petite histoire, en 2004, 36 513 coureurs avaient obtenu la fameuse médaille de finisher tendue par une gentille bénévole nous envoyant son plus beau sourire : « Congratulations ! » Waaaaaaaa… je revois encore ce moment : magic ! Le temps médian : 4h37 (contre 4h34 en 2014). Le sud-africain Hendrick Ramaala vainqueur en 2h09’28, la recordwoman du monde britannique Paula Radcliffe 20e au scracth en 2h23 ’10, 4 secondes devant la kenyanne Susan Chepkemei. Et notre jeune vétéran français Philippe Remond, superbe 23e en 2h23’32. Le tout, sous un ciel bleu presque azur malgré la fraîcheur matinale. Alors, elle est pas belle la vie ?

NYC-2004-5.JPG

NYC-2004-5-2

NYC-2004-6.JPG

NYC-2004-6-2

NYC-2004-7.JPG

NYC-2004-7-2

NYC-2004-8.JPG

NYC-2004-8-2

NYC-2004-9.JPG

NYC-2004-9-2

NYC-2004-10.JPG

NYC-2004-10-2

NYC-2004-11.JPG

NYC-2004-11-2

Envie de prolonger l’évènement ? De voir à quoi ressemble la cérémonie d’ouverture la veille, le feu d’artifice au sens propre comme au figuré ? Allez hop, replongez-vous ici dans le film de l’édition 2014 :

Rétrolien depuis votre site.

Laisser un commentaire

Time limit is exhausted. Please reload CAPTCHA.

Follow me

Une suggestion ou idée ?

< < C'est ici !

Reproduire un texte ?

Pas de souci les amis ! Mentionnez juste ©AMSPT avec l'URL