Maxi (C)Race Annecy 2013

Written by yesben. Posted in Comptines 2013

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Dans la vraie viela Maxi-Race Annecy – merveilleuse et exigeante boucle autour du lac, pas moins de 84 km et 5300 D+ au compteur fin mai -, ça devrait toujours ressembler à cette photo là. Mais dans sa version 2013, c’est totalement parti en vrille…

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La Maxi-Race 2013, allez savoir pourquoi, eh bien c’était… ça :

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> A PEINE ARRIVES, LE COUP DE MASSUE

Beuark, beuark et rebeuark. Je ne faisais guère le malin ce samedi 25 mai sur les coups de 13 heures, alors que je venais, tout excité, de retirer mon passe-droit pour cette fameuse maxi-escapade autour du lac d’Annecy, dont j’avais promis monts et merveilles à mes camarades de club. Le père “Lio”, tout fraîchement débarqué de Nîmes, au bout du fil, m’annonce la nouvelle : « T’es où ? » « Bah… je viens de retirer mon dossard, vivement demain ! »

Pas le temps de poursuivre ma phrase qu’il me coupe aussi sec : «Euhh…Ben, t’es pas au courant ? Toutes les courses sont annulées. » Ah, ah, la bonne blague ! Ah, ce Lio, quel farceur !

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> J’CROIS QU’Y A UN BLEME

Certes, ça mouillasse dehors. Certes, l’aire(be) de retrait des dossard & village exposants ressemble à un champ de patates abondamment arrosé. Certes les organisateurs, prévenants, ont officialisé depuis deux jours déjà le parcours de repli n°3, compte tenu des litrons de pluie qui inondent la région depuis des semaines. Allez, crache ton venin Lio, dis-moi qu’elle est de mauvais goût ta blague. Sinon, pourquoi cette gentille bénévole m’aurait-elle remis mon dossard quelques instants plus tôt, sans rien me dire ? « Nan, je déconne pas, un arrêté préfectoral a été pris. Aucune course n’aura lieu demain. »

A peine le temps de prendre conscience de ce qui se tramait que le speaker confirmait  les dires de mon congénère. Pan sur le bec. Remballez vos affaires, votre salive et vos ambitions. Une petite voix, celle de ma chère et tendre, résonne alors dans mon crâne en ébullition : « Eh, c’est pas un accouchement, y’a quand même pire dans la vie ! » Soit, mais à l’instant présent, j’en ai les poils des orteils tout ébouriffés.

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Ce coup de massue, je ne l’avais pas vu venir. Passée l’incrédulité, le dépit, voire la colère – mais pourquoi bon sang tout plier alors que la météo du lendemain s’annonce très clémente ? Il est où, ce petit Préfet tout étriqué, que je l’étripe ! –, il fallait bien se rendre à l’évidence : seul le kilogramme de M&M’s judicieusement embarqué par mon co-locataire du week-end, le bien nommé Olivier, Maître Jedi ès Nutella, pourrait calmer notre détresse spasmodique.

N’est-ce pas Benji (photo), qui avalera quelques heures plus tard les kilomètres à la vitesse des M&M’s ? En attendant, le père Olivier, dernière recrue de Nîmes Trail Attitude, nous fera un délicieux cours sur les cacahuètes chocolatées : «Que diable leur a-t-il pris de faire un M&M’s bleu ? C’est un scandale et je m’en suis offusqué par courrier. » Idéal pour détendre l’ambiance un brin pesante et les nerfs à vif.

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> DEMAIN, AUTRE DESTINEE

Alors, c’est qui qu’a un plan B ?  Quitte à être sur place, autant aller évacuer notre frustration  baskets aux pieds. Emmanuel Ripoche (vainqueur du dernier ultra-trail des Templiers), croisé aux retraits des dossards, me propose une petite sortie “tranquillou” de 4-5 heures le lendemain matin. Je sais pas pourquoi, je sens le gros traquenard pas bon, mais pas bon du tout… et nous convenons de nous rappeler en fin de journée.

Entassés à 10 dans l’un de nos petits “appart-hôtels” pour débattre des festivités à venir, les M&M’s ne parviennent toujours pas à évacuer notre frustration. Entre le : « On va se boire une petite bière ? » et le : « On fait ce que vous voulez, mais à 20h45 ce soir, je suis de retour à l’appart pour la finale de la Champion’s League », une piste enfin intéressante fuse : « Et si on allait courir sur les coups de 8-9 h demain matin ? » Faites suer les amis, moi c’est la vraie Maxi-Race que je veux !

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D’abord saugrenue, cette perspective prend soudainement corps dans ma petite cervelle encore toute déconfite : et si l’on prenait le départ à 3 heures du mat comme prévu, histoire de vérifier si l’annulation de la course était ou non une sage décision ? « Alors, c’est qui qu’est motivé ? » En écho, j’ai bien sûr eu droit à un « T’es frapadingue mon Ben, t’as vu le temps dehors ? », mais j’ai également vu l’œil de mes compères Benj & Olivier briller. « Attends, tu proposes de… » Mais ouiiiiiiiiiiiiiiiii !!! Allez hop, emballé-pesé-expédié, on programme le réveil pour 2 heures du mat et on va pouvoir s’en jeter une belle dans quelques heures.

YES ! Il n’en fallait pas plus pour retrouver toute notre excitation du petit matin. D’ici là, plus question de sucer un seul M&M’s, allons plutôt en ville nous jeter une petite mousse pour nous remettre de nos émotions ! Lieu des festivités : le Munich, une brasserie aux consonances allemandes, judicieusement trouvée pour nous mettre dans le bain du choc Bayern-Dortmund prévu en soirée. 33 cl et 9,5° de Westmalle Triple plus loin, allez savoir pourquoi, je me sentais tout zen…

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> SATURDAY NIGHT FEVER

Au niveau des préparatifs, tout est question de tactique. Ce samedi soir, tandis qu’Olivier restait cramponné devant la télé (2-1 pour le Bayern), avec Benj nous élaborions la stratégie du lendemain : la Maxi-Race par mauvais temps, pas de souci, mais sans balisage, c’est une autre histoire ! Avec un peu d’IGN et autres réjouissances smartphoniennes, nous devrions à peu près nous en sortir. Et même sans, ça devrait passer avec notre capitaine Benji la malice, qui m’a prouvé à maintes reprises par le passé que cette légende est bien réelle : la boussole qu’il s’est fait greffer à la naissance est sidérante.

Douce mais courte nuit.  Dîner à 23 heures (p… de foot !), dodo à minuit pétantes, réveil à 2 heures : ouaaaaahhhh ce réveil me fait mal aux cheveux, allez savoir pourquoi. Quelle idée saugrenue de se lever… pour (presque) rien. Pas d’enjeu. Pas de dossard. Juste de la fierté mal bien placée pour que toute cette semaine passée à faire du jus n’ait pas compté pour du beurre.

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Ah les belles têtes de vainqueurs à 2h40 pétantes, au moment de rejoindre la ligne de départ fictive sur les rives du lac d’Annecy. Pas un chat à notre arrivée, sinon quelques bandes de fêtards éméchés, qui auraient été moins surpris de tomber sur le père Noel et son traîneau que sur trois loustics en petits collants & sac à dos. Vraiment, vu le ciel et les températures cléments à cet instant, nous ne comprenons pas comment la course a pu être annulée.

Des conneries, ouais ! Un Préfet qui n’a jamais chaussé des baskets, des secouristes qui ne pensent qu’au pire, et j’en passe et des meilleures. A ce train, plus aucune course n’aura lieu en montagne d’ici quelques années. Tout cela au nom du sempiternel et très consensuel “principe de précaution”. Nous infléchirons notre position quelques heures plus tard, après avoir sué corps et âme pour nous rendre compte que ce “gâchis organisé” était pourtant bien justifié…

LADY GA…DOUE

Born Fuck this way !  Promis, j’accélère le récit ultra-détaillé de notre virée, emmenée à bon train par un Benj décidément très en jambes, qui visait secrètement le top 10 sur le tour complet. Au bout de 2 heures, nous faisons le point, incrédules : certes les chemins sont gras, mais pas autant que nos chemins d’entraînement ces derniers jours… Foutu principe de précaution, va !

Pourtant, plus le sommet du Semnoz approche, plus nous devons admettre que les conditions sont abracadabrantesques pour une fin mai : entre 20 et 30 cm de neige au crêt du Châtillon à 1700 mètres, avec des températures qui devaient frôler les -8 à -10°. Malgré une ambiance féérique au clair de lune et une timide percée des premiers rayons du soleil, mieux ne valait pas traîner sur place.

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  • Fin mai, et pourtant de la neige comme en décembre !
  • "Au clair de la lune, nous n'avons point peur..."
  • Ah les belles têtes de vainqueurs !
  • Déjà plus la même lucidité en cours de matinée...

Cerf, cerf, casse-toi, ou le trailer s’énervera… Descente de dingues dans la poudreuse (ma toute première virée “hors piste”… sans les skis, trop diiiiiiingue !) où les doigts ont commencé à me piquer grave malgré les gants, et le ventre qui, une fois de plus, n’a guère apprécié ces subtiles fluctuations thermiques. Et c’est parti pour un nouveau bal des flatulences. Pas zen du tout dans la demi-heure qui a suivi, l’ami Ben… Coup de bol, nous tombons sur une zone balisée qui nous sera bien utile pour rallier la mi-parcours à Doussard, de l’autre côté du lac.

Pas une âme croisée au bout de 4 heures quand, soudainement, deux jeunes cerfs se plantent droit dans le chemin, nous barrant le passage. S’en est suivie une hallucinante scène de cape et d’épée (enfin, à coups de bois) entre deux jeunes mâles qui se disputaient, je suppose, une jeune et belle demoiselle très “open”. Dans la foulée,quelle jolie partition de cerfs en rut ! ¶ Brame, brame, brameurs, bramez, on avance à rien sur ces sentiers… ¶ Ohé, les gars, vous voulez pas vous poussez du chemin ?

Figures de style. Amusés par cette péripétie, nous reprenons joyeusement notre cavalcade, mais plus ça va, moins ça va sur les sentiers : les rochers glissants et enneigés laissent place à une jolie bouillasse, et c’est parti pour la valse des glissades. A chacun sa technique : Benji le cabri tente le côté gauche et s’étale joyeusement – un bon 10/10 pour le vol plané – ; Olivier, prudent à son habitude dans les descentes, analyse la trajectoire idéale et ça marche ; et bibi, droit dans le bourbier, partant du principe que plus il y a de gadoue, plus ça colle aux pieds ! Tiens, à 4 500 là-dedans, ça se passerait comment ? Je n’ose imaginer, préférant me dire que nous avons la chance de passer les premiers…

DU PLAISIR A LA REALITE

C’est finalement bien entamés et avec largement plus d’une heure de retard sur l’horaire prévu que nous parvenons à Doussard (km 44 pour 2 300 D+ sur le GPS, après quelques détours), un peu après 9h30 du mat. Bonne fête maman, suis sur les chemins depuis 6h30 déjà ! Le neige et le sol joyeusement glissant ne nous ont laissés aucun répit, mais après tout, c’est pour ça qu’on est venu. Nous retrouvons sur le parking de l’église Gwen (la moitié de Benj), venue à notre rencontre avec ses parents pour partager le reste de notre boucle. Seulement, à peine attaquée la montée vers le col de la Forclaz, un bourbier sans nom nous attend. Eh oui, nombre de coureurs sont déjà passés par là depuis le petit matin et la chanson n’est plus la même. P… de refrain à la c… !

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Quand la tête lâche… Si Gwen emmène joyeusement la troupe, mon moral s’en prend un coup et en l’espace de quelques minutes, je ne trouve plus aucun plaisir à poursuivre l’aventure dans ces conditions. Dois-je, par fierté, jouer la grosse brutasse et aller jusqu’au bout, au risque de finir complètement cramé ? En attendant, je me laisse décramponner par mes compagnons et je les appelle quelques minutes plus tard en leur suggérant de filer.

Au col, je couperai au plus court pour redescendre sur Menthon où nous attendent les parents de Gwen. A quoi bon continuer si l’envie n’est plus là ? Bien m’en a pris, car sur les coups de 13h30, en train de siroter un coca fourni par les adorables parents de Gwen, je vois mes deux compères noctambules arriver sur la plage du village. Aïïïeeeeee les belles têtes de vainqueurs ! Visages marqués, jambes explosées par les kilomètres de gadouillasse en plus, avec en prime quelques égarements de maître GPS Benji qui ne faisait plus la malice.

Abandons en série. Terminé pour Olivier, qui n’en veut plus, tandis que Benj le très déterminé propose à Gwen de rallier les 10 km restants jusqu’à Annecy par les petites routes longeant le lac. Un gros quart d’heure plus tard, nous irons les récupérer, le tendon d’achille de notre dernier rescapé lui intimant de s’en tenir là. Pliez les gaules, circulez, y’a plus rien à voir ! Truc de dingue en enlevant ce qui reste de mes pauvres chaussures : la boue est passée même à travers les chaussettes. Je ne me souviens pas avoir eu pareille vision apocalyptique, déjà que mes petits petons ne sont pas jolis-jolis…

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TOUT ÇA POUR MIEUX COMPRENDRE…

Bilan du périple ? Même sur terrain sec, cette course, c’est un truc de malade qui nécessite un maximum de sagesse pour espérer rallier l’arrivée. Dans de telles conditions, il est évident que très peu de coureurs inscrits sur le 84 km seraient allés au bout. Avec mes compères, on est pas du genre à renoncer facilement, ni à nous prendre pour des warriors. Avec un vrai dossard, si la course avait eu lieu, sauf pépin, je ne doute pas que nous serions arrivés au bout. Mais là, faut pas abuser…

Alors, c’est qui qu’a eu raison ? Et dire que j’étais très remonté par l’annulation des courses la veille… Je dois bien faire mon mea culpa : à quelques centaines c’était jouable, mais à 4 500, la “Maxi-Crasse” se serait transformée en jeu de massacre. Force est de reconnaître que la décision d’annuler était sans doute la meilleure. J’ai cru comprendre qu’un petit groupe est parvenu à boucler la boucle après 12h30 d’efforts, mais multiplié par plusieurs milliers d’autres petits groupes, ça ne passait pas. Alors faut-il forcément chercher un coupable ?

Faut-il condamner l’attitude de Georges-François Leclerc, le jeune Préfet de Haute-Savoie qui n’a fait que suivre les recommandations des services de secours ? Ou plutôt ces derniers, qui en refusant d’assurer leur mission de sécurité – qu’ils ne pouvaient manifestement pas assumer correctement –, condamnaient automatiquement le déroulement de l’épreuve ? Les organisateurs, qui n’auraient pas pu anticiper ou choisir une date plus judicieuse (là, je suis 8e degré) ? Voire les trailers, qui sont décidément trop nombreux à vouloir arpenter les mêmes chemins ?

Non, le coupable est à trouver ailleurs : je mettrais volontiers dans le même sac le fatalisme (autrement dit, la faute à pas de chance), la météo et le dérèglement climatique. Quitte à avoir un printemps de m…, autant en manger jusqu’au bout ! Et force est de constater que la plupart des trails qui étaient prévus ce dernier week-end de mai ont eux aussi été annulés ou sérieusement amputés. Autant le prendre avec le sourire, non ? Y’avait donc quand même de la joie à notre retour à Annecy en début d’après-midi.

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Bon, et maintenant ? Va falloir se remettre le cœur à l’ouvrage, après trois jours de coupure imposée. Maxi-Race 2014 ? Bien sûr j’en serai, et mes compères de club que j’avais embarqué avec moi, aussi. Après tout, on n’en veut à personne. Je ne cautionne pas cette volée de bois vert d’une frange des participants sur la page facebook de la course (https://www.facebook.com/traillacannecy).

Les organisateurs s’en prennent plein la tronche, parce qu’il est fort probable que les 60 € de l’inscription ne seront pas remboursés (ou seulement en partie). Tout dépendra probablement de l’issue de la négociation avec l’assureur… Au moins, notre cadeau coureur et notre veste finisher, nous les avons eus. Et l’an prochain, nous serons prioritaires pour l’inscription, c’est acté. Tout le monde est perdant dans l’affaire. Point. Pas la peine d’en rajouter.

Macadam, me voilà ! Pour les prochains mois, la route est tracée. Restonica Trail dans le centre-Corse début juillet (68 km et plus de 3000 D+), et dans la foulée, début de la préparation du marathon Nice-Cannes, prévu mi-novembre. Trop nulle la route ? 1. Suis éclectique dans ma pratique pédestre et je l’assume totalement. 2. A moins d’une guerre thermo-nucléaire ou d’un tsunami sur la côte méditerranéenne, je ne vois pas bien ce qui pourrait nous empêcher de prendre le départ. Sur les chemins, dans les airs ou sur le bitume, courir c’est trop bien, comme dirait ma petite Faustine !

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