Pilatrail 2014 : dent-esque !

Written by yesben. Posted in Comptines 2014

2014 Pilatrail-1Ce PilaTrail des 3 Dents, on m’en avait dit le plus grand bien. A force d’en entendre parler, j’ai mis le doigt dans le pot de confiture ce dimanche 1er juin. Et j’en ai remis un autre tellement c’était bon. Durant 45 km, je n’ai vu que monts et merveilles sur les terres de Véranne (42).

> BALADE D’EPICURIEN

Prendre la direction de Véranne dès potron-minet aux premières heures de l’été, c’est la certitude de passer un très agréable moment, avant même de chausser les baskets. N’avoir d’autre échappatoire que de traverser les fiefs de Condrieu et Côtes Rôties pour rejoindre le départ d’une course, je ne sais pas si ça vous fait quelque chose : moi, ça me transcende.

J’ai le poil qui se hérisse en empruntant ces terres sacrées. Le mollet qui commence à frétiller. Pour peu, ce dimanche, je me serais bien contenté d’un unique ravito, sans dossard ni ligne d’arrivée !

2014 Pilatrail-2Le problème, en traversant Condrieu à 6h45 du mat un jour de messe, c’est qu’il n’y a pas âme qui vive. Pas une cave ouverte. Sympa l’accueil local. Si c’est comme ça, tant pis pour vous les gars. Comptez pas sur moi pour faire fumer la carte bleue au retour, mon bidon d’eau fera l’affaire. Un client de perdu pour les viticulteurs locaux, mais des jambes et un compte en banque préservés : tout compte fait, je ne suis peut-être pas si perdant.

Surtout qu’à peine arrivé à destination, deux charmantes dames m’accueillent avec un sourire à faire chavirer les cœurs. « Tenez, voici votre dossard, jeune homme ». J’ai pas honte à le reconnaître : ça fait chaud au coureur d’être encore considéré comme un jeune poulain de si bon dimanche matin. Le port de la casquette pour mettre les rides à l’ombre, qu’est-ce que c’est malin !

2014 Pilatrail-3> WINNER AVANT L’HEURE

C’est à croire qu’elles voulaient vraiment me mettre de bonne humeur, car l’une d’entre elle m’en annonce une belle : « En plus vous avez été tiré au sort, c’est votre jour de chance dites donc ! » Top la classe : avant même de commencer à transpirer, je n’ai pas fait le déplacement pour rien. Alors, c’est quoi le gros lot ?

Roulement de tambours, on sort les trompettes… Un superbe flacon 75 cl de houblon estampillé “Single Track”, la petite bière des Monts d’Or près de chez moi qui ne fait même pas roter. Chouette, je sais déjà ce que je vais me siroter ce soir. Adieu Condrieu et vaches qui pissent !

Forcément, avec une telle entrée en matière, c’est le podium assuré aujourd’hui. Mon jour de gloire. A moi la fortune, rien ne peut m’arrêter ! Ok, ok, c’est vrai… Dès que je cause sport, j’ai une légère propension à m’emballer. Il m’est même arrivé de mettre le réveil à 3 heures du mat pour suivre l’équipe de France de curling aux J.O. d’hiver à la télé, c’est dire…

2014 Pilatrail-4Après ma très laborieuse participation au Nivolet-Revard en Haute-Savoie il y a quelques semaines (51 km et 2 200 D+), où je termine 60e en mode « entraînement-de-toute-façon-incapable-d’aller-plus-vite-car-épuisé-avant-même-de-prendre-le-départ », je n’attendais rien de transcendant sur ce réputé PilaTrail des 3 Dents. Sinon l’envie de m’en prendre plein les mirettes et de me remettre sérieusement à l’entraînement, après un printemps où je n’ai guère eu la tête à la course à pied.

2014 Pilatrail-5> RUN, KITTY, RUN…

Les retrouvailles  quelques minutes plus tard avec le père Bruno, compagnon d’entraînement et épatapoustouflant vainqueur de la SaintExpress en décembre dernier, m’ont vite remis le jus de cervelle au clair. « Bah alors mon Bruno, c’est quoi cette goule enfarinée ? T’as pas envie de courir aujourd’hui ? » Mince, tapé dans le mille. « Suis tout brassé, j’ai trouvé mon chat écrasé devant la maison en décollant ce matin. Je redoute déjà de l’annoncer à mon épouse en rentrant. »

Flûte de rototo d’escargot, on a connu des réveille-matins plus réjouissants. Le loustic, inscrit sur le 21 km, parti en mode “pépère” à mes côtés, finira en trombe après la bifurcation des deux parcours, histoire d’évacuer sa haine des « chauffards-qui-se-tamponnent-le-balai-de-nos-amies-les-bêtes. »

2014 Pilatrail-6Comme souvent, au réveil, je me suis posé nombre de questions absolument existentielles. Est-ce que j’ai choisi les bonnes sandalettes pour faire comprendre aux cailloux c’est qui le chef ? Faut-il prendre les bâtons pour m’aider à me remuer le popotin ? Un peu plus de poudre magique dans ma poche à eau ? Plutôt gels ou barres aujourd’hui ? Est-ce que ce short sied bien à mes chaussettes ? Pffff… des vraies midinettes, ces trailers des temps modernes !

Si certains apprennent immédiatement de leurs erreurs, je suis plutôt du genre à les répéter 2-3 fois avant de retenir la leçon, histoire de m’assurer qu’il ne s’agit pas « de la faute à pas de chance ». Il y a deux ans, à l’arrivée de la CCC à Chamonix disputée sans bâtons, je m’étais « juré-promis-craché » de ne plus jamais disputer une course avec ces “bâtonnets merdiques” qui me donnent plus de crampes aux bras qu’ils ne soulagent mes jambes.

2014 Pilatrail-7> BÂTONS OR NOT BÂTONS ?

 Et devinez ce qu’une buse de mon espèce a fait au PilaTrail ? Il a embarqué ses bâtons jaunes fluo Quechua, évidemment ! Tout ça parce que la perspective des 7350 mètres de dénivelé positif à avaler sur les sentiers de la TDS fin août m’épuisent rien que d’y penser. Vraiment pas malin que je suis, il s’est produit exactement l’inverse de ce que je recherchais : des bras sous-entraînés sans utilité à la poussée, et des bâtons qui me dérangeaient plus qu’autre chose en descente où j’aime tant mettre le cerveau sur “off” et envoyer comme une baleine sur le gravier.

Cette aide extérieure ferait mieux d’être carrément prohibée en course à pied. Cette fois-ci, je l’annonce haut et fort : C’EST DEFINITIF ! Vous ne m’y reprendrez plus, quelle que soit la pente, le dévers ou même si les baguettes dernier cri m’étaient offertes. Avec les bâtons, non seulement mes guibolles deviennent fainéantes et se mettent à marcher à la moindre occasion, mais en plus ma foulée se fait presque timide en descente. Un comble.

Et que croyez-vous qu’il me soit arrivé dès le 10e km ? Un plantaaaaaaage de gros caillou acéré droit dans l’intérieur du pied. Oh mon salaud, qu’est-ce qu’il m’a fait douiller, au point de me demander s’il ne serait pas plus sage de mettre le clignotant.

2014 Pilatrail-8> PETITES MERVEILLES DANS LA PRAIRIE

Une fois de plus, c’était mal connaître mon mental de sportif-couillon-pas-bien-fini. Quand la douleur se fait présente, j’ai une de ces facultés à me mettre en mode “indestructor” qui m’effraie parfois…« Rien à branler, rien à céder, c’est quand ça fait du mal que ça fait du bien », me répète mon subconscient à chaque foulée douloureuse. Si bien que je finis par y croire dur comme fer.

Et puis, entre nous, m’être levé à 5h un dimanche matin pour ne pas profiter des merveilles du Pilat rhodanien, ce serait ballot. Les 3 Dents, le Crêt de l’Oeillon et son fameux relai TV, le Crêt de Perdrix, point culminant de la course à 1 432 m, ça fait super mal aux cannes, mais qu’est-ce que c’est beau !

Une telle variété de paysages et de végétation, qui vous fait passer en quelques kilomètres des forêts de chênes/châtaigniers à de verdoyantes prairies et champs de genêts rocailleux – pas trouvé trace de Charles Ingalls en revanche –, c’est remarquable. Autre particularité de ce versant nord du Pilat : ses impressionnantes coulées de blocs rocheux – les chirats – évidemment empruntées par la course.

« Tas de cailloux de m… ! », jureront les coureurs plus entamés. C’est vrai qu’il fallait avoir le pied martien pour traverser sans encombre ces si caractéristiques pierriers, seulement aperçus jusque-là dans le massif central et dans les Appalaches en Amérique du Nord.

2014 Pilatrail-9> LE RETOUR DU CHAT-DIE

Côté course, malgré une décevante 27e place à l’arrivée (en 5h06, à… 1h05 du vainqueur Augustin Guibert, un gouffre !), j’ai quand même trouvé quelques motifs d’encouragement pour la suite de la saison. D’abord, courir 35 km sur un pied-et-demi suite à ma rencontre malheureuse avec un p… de caillou, c’est pas des plus pratiques.

Enchaîner ensuite avec quatre départs d’entorses sur le pied amoché, dont l’une m’a fait beugler comme un âne, c’est pas génial. Pointé à la 35e place à 12 km de l’arrivée, j’ai néanmoins trouvé les ressources pour en redoubler une petite huitaine, me surprenant même à murmurer à l’arrivée : « Mince, c’est déjà fini ? » A priori, le moteur commence à redevenir endurant, et ça c’est bon…

Et parce qu’un dimanche-trail se termine forcément bien, devinez ce que m’a annoncé mon déconfit-Bruno-du-matin par sms le soir-même ? Son défunt chat est rentré à la maison sain et sauf en fin de journée. Miracle ! La bestiole aplatie comme une crêpe devant sa maison était celle d’un voisin (pas de chance pour lui). Yahooooo !!! Chat-perlipopette, débouchage de champagne chez le Bruno avant d’aller se coucher ! Décidément, toutes les occasions sont bonnes pour les épicuriens de notre espèce.

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