Strava, l’appli attrape-couillon… mais tellement bon !

Written by yesben. Posted in J'AI TESTE POUR VOUS

2015-Strava-1

Je me croyais hermétique à toutes ces applications smartphones pour « sportifs du dimanche ». C’était sans compter sur Strava… Un vrai attrape-couillon ce truc, dont on devient accro au point d’en modifier sa façon de s’entraîner. Pas très malin !

> PRIS EN FLAGRANT DELIT DE STRAVAMANIA

C’est fou comment certains a priori ont la dent dure. Adepte depuis des années du cardiofréquencemètre-GPS Polar sur tous mes entraînements, idéal pour aider mister coach à analyser sur l’ordinateur le “rendement” de mes séances et moduler semaine après semaine les intensités, j’ai d’abord observé avec indifférence puis dédain l’arrivée des applications running & cyclisme. « Un téléphone, ça sert à téléphoner. » Gros ringard, va !

Encore un truc de midinettes qui sortent faire le tour du pâté de maisons et veulent se la péter, ai-je d’abord pensé. Mais pour qui tu te prends pour sortir des inepties pareilles ? Et puis à force d’en entendre parler autour de moi et dans les médias, je me suis décidé à tester Runtastic, Runkeeper et Nike+ sur mon IPhone, quelques-unes des applis leaders en France. Distance parcourue, vitesse moyenne, dénivelé, affichage sur carte du parcours réalisé… Ça en fait des choses.

2015-Strava-2.JPG

Sympathique pour ceux qui n’ont que ça sous la main, mais fondamentalement rien de bien nouveau par rapport à ce que m’offre déjà ma montre “couteau suisse” à plus de 400 €… Et puis, pour les accros du cardio comme moi, rien ne vaut la maison finlandaise Polar, de loin la plus fiable sur le marché, même si côté durée de vie des produits il y a beaucoup à redire.

Et puis, il y a quelques mois, je suis tombé sur Strava. Intrigué par la couleur orange pétard de l’appli californienne et sa baseline qui claque – « TRACK. COMPARE. COMPETE. » –, qui fait un tabac chez les cyclos depuis 2009 et plus récemment chez les coureurs à pied, je me suis laissé embarquer… sans trop y croire. Mais qu’est-ce que cette énième appli, lancée dans la Silicon Valley par deux copains ex-rameurs, l’un devenu triathlète et l’autre informaticien, va encore nous inventer ?

> SI T’ES PAS STRAVA, T’ES NADA

D’un premier coup d’œil, le truc qui m’a horripilé, c’est de constater combien Strava est orienté « performance » en invitant ses utilisateurs à se comparer en permanence. Son principe : je crée un segment où je veux autour de chez moi ou j’en emprunte un déjà existant, je cours le plus vite dessus et je montre ouvertement aux autres que « c’est moi qui ai la plus grosse quéquette ».

2015-Strava-3

Vraiment n’importe quoi ce truc. Dans la vraie vie, un gars qui a un peu de jugeote et s’entraîne correctement, il ne passe pas son temps à sprinter – surtout lorsque les tronçons répertoriés font plusieurs kilomètres –, sinon il est flingué au bout d’une semaine. Comme outil pour aller droit dans le mur, vers la blessure ou la surfatigue, y’a pas mieux sur le papier.

J’ai trouvé le principe encore plus stupide en regardant le récap de mes premières sorties. « Bien joué, vous avez établi 10 records perso et établi le 8e meilleur chrono de tous les temps sur ce segment. » Par curiosité, j’ai regardé quel huluberlu pouvait bien être en tête. Et là, quelle ne fût pas ma surprise : un gars qui a en fait juste couru 40 mn à moins de 12 km/h de moyenne, et qui s’est « déchiré » sur une ligne droite de 400 mètres répertoriée sur son parcours, dans le seul but de devenir un « King of Strava ». Ah ça, c’est clair que ça en jette. Rarement vu aussi inutile pour un sportif qui réfléchit avec autre chose que ses pieds et qui s’inscrit dans une logique de progressivité.

Et puis… Strava m’a attrapé par surprise, droit dans le lactique du mollet, sans coup férir : dès l’arrivée de ma deuxième sortie labellisée S.T.R.A.V.A. – une mignonette séance de fractionné sur les bords de Saône – voilà l’appli qui se met quasiment à me jouer la Marseillaise : 3e meilleur temps de l’Histoire sur cette portion de 5 km sur 90 “Straveurs” ! Mince alors, sans le faire exprès, je me retrouve presque en haut de l’affiche ? Quelques jours plus tard, en fractionnant à nouveau, 2e perf de tous les temps sur une autre portion d’un peu plus d’un km, à trois petites secondes de la référence absolue. Crotte de rototo de limace, la prochaine fois que je repasse là-bas, j’accélère franchement. A moi le Graal Strava !

Strava

Strava

> STRAVA, C’EST PLUS FORT QUE TOI

Et c’est ainsi que, presque malgré moi, je suis devenu “STRAVA addict”. La bonne blague. Est-ce que cela veut dire qu’au fond, je ne vaux pas mieux que ces « prolos » de joggers-du-dimanche- égocentriques-en-soif-de-reconnaissance qui « se stravatisent » rien que montrer à leurs collègues de travail qu’ils en ont une grosse ? Ça devient inquiétant ce truc ! Je peux maintenant l’avouer honteusement : ce tronçon d’un bon kilomètre, j’avais hâte qu’il m’appartienne. A la fin d’une grosse séance de 16 x 1’, j’en ai remis une couche pour avoir la couronne de « KOM », qui signifie « King Of Mountain » dans le langage stravasien, en référence au classement du meilleur grimpeur sur le Tour de France.

Si t’es tout en haut, t’es un « presque Dieu ». Et des KOM, autour de chez toi comme partout dans le monde, tu peux en établir des centaines, à pied comme à vélo. Mais pourquoi suis-je tombé dans une telle couillonnerie, à laquelle s’adonnent des milliers de couilles-folles ? Je suis tombé au fond du néant lorsque j’ai reçu quinze jours plus tard un mail de Strava m’annonçant que j’avais été détrôné de mon fameux KOM : « Oh, oh ! Xxx a dépassé votre CR de 2s. Maintenant allez-y et amusez-vous bien, en toute sécurité. » Véridique dans le texte. Ou comment titiller les plus petits égos.

« Ahhhh… tu le prends comme ça, espèce d’effronté, tu vas voir ce qu’est un vrai KOM », ai-je entonné à celui qui a osé gratouiller mon petit ergot de coq. C’est que le bonhomme a un peu de fierté pas toujours bien placée. C’est parfois super crétin, un compétiteur, quel que soit son niveau d’ailleurs…

2015-Strava-5.JPG

J’ai donc fait le truc le plus débile jamais réalisé en course à pied : 40 minutes d’échauffement savamment dosées, et ce fameux KOM qui venait de m’échapper, je suis allé le pulvériser d’une grosse quinzaine de secondes, histoire que mon dauphin me fiche pour de bon la paix. Strava, faut que ce soit dit, c’est encore plus cinglé que toi.

> STRAVA BIEN, MERCI !

Depuis cet épisode, je suis heureusement revenu à un peu de raison. Car les footings d’1h15 tournés à 14,5 km/h, même si ça fait joli auprès de tes “followers” qui te gratifient d’un “Like” comme sur Facebook et peuvent te laisser des commentaires –, ça va un moment. J’ai quelques objectifs plus sérieux à préparer quand même, avec de vrais dossards à épingler. Aussi, après un mois et demi d’amusement, je suis vite revenu à mon juge de paix : le cardiofréquencemètre. Et tant pis si je ne tourne qu’à 12,5 km/h voire moins à l’échauffement… et si je ne remporte aucun trophée sur ma prochaine sortie.

Le vrai risque avec STRAVA, au-delà de jouer les casse-cou sur des parcours tourmentés ou de descendre des cols à tombeau ouvert à vélo pour grignoter quelques dérisoires secondes, c’est d’en oublier les fondamentaux du sport : « Si tu fais des compétitions en entraînement, ne t’étonne pas de faire des entraînements en compétition », dit fort justement Laurent Vicente, l’un des meilleurs spécialistes actuels du Kilomètre Vertical en France.  Pas question de tomber dans ce petit jeu trop longtemps, même si je ne conçois plus aujourd’hui sortir sans mon Strava. Totalement addictif, crétin et bourrin ce truc, mais je le reconnais volontiers : je suis devenu accro.

2015-Strava-6

Néanmoins, parce qu’elle fonctionne comme un vrai réseau social, où l’on peut suivre les pérégrinations sportives de ses amis comme d’athlètes professionnels – et poster tout plein de photos de ses sorties pour faire bisquer ceux qui sont coincés au bureau –, Strava a tout pour devenir LA référence des applications pour la course à pied et le vélo. Elle propose même des challenges tous les mois, une version « Premium » payante pour ceux qui veulent avoir accès à tout un tas de statistiques pas forcément très utiles, une boutique avec des accessoires savamment marketés – admirez les jolies formes du tee-shirt –, jusqu’à la ceinture cardio.

De quoi reléguer au rang d’antiquités les montres connectées Polar, Suunto ou Garmin, qui vont vite devoir se remuer le popotin s’ils veulent continuer à exister. Certains vont même jusqu’à rivaliser d’ingéniosité pour transformer leurs tracés en dessins grandeur nature. En attendant, mon cocktail hybride Polar-Strava me convient à merveille. Vivement ma petite dose de « Stravamania » ce soir à l’heure de l’apéro-sueur. Et dire que je croyais pratiquer la course à pied avant tout pour me « déconnecter » !

2015-Strava-7

Mots-clefs : , ,

Rétrolien depuis votre site.

Commentaires (5)

  • Brian

    |

    Salut,

    C’est amusant, je te suis sur Strava depuis quelques jours, et tu post un article dessus…

    Loin de faire des KOM mes objectifs, je trouve aussi l’appli très sympa pour voir sa progression, D’une sortie à une autre en mode entrainement on peut voir évoluer sa vitesse sur différentes portions. A condition de ne pas y allez a fond juste un fois pour griller les autres….

    Répondre

    • yesben

      |

      Brian, ta réponse me semble pleine de sens. Ta dernière phrase qui en dit long sur l’usage de cette appli : en observant les meilleurs chronos établis sur pas mal de segments où je suis passé, je suis parfois effaré par l’allure moyenne très anodine des « kings of KOM » : très clairement, ils sont passés par ici avec la ferme intention de piquer le sprint de leur vie et rien d’autre ! Et pourquoi pas après tout… ? 😉

      Répondre

  • Tiphaine

    |

    Rho, c’est bien sévère comme critique 😀
    Plus sérieusement, moi je suis la sportive du dimanche, celle qui a travaillé epndant un an son gros corps pour en faire un plus mince, et surtout plus musclé (ouais, c’est ça quand on se lance seule dans un chantier, on e dit qu’il va falloir grave assurer).
    Et puis on rachète un vélo, parce que le sport à la maison (on oublie la salle quand on est maman célib’), ça va bien 5 minutes, mais qu’on a besoin de sortir au milieu des hectares de champs qui nous entoure…
    Sur Strava, on retrouve nos connaissances, ces pilotes moto qui forcément vous arrachent les kilomètres, les dénivelés… On est très très loin du compte nous les sportifs du dimanche.

    Mais Strava, je trouve que lorsqu’on est seul, sans salle, sans coach, sans troupe pour se motiver, hé bien c’est un petit plus pur le moral, surtout quand on a lutté en plein champs contre des vents glacés, et qu’au final, sur le même segment, on a fait un peu mieux que la fois d’avant.
    Alors oui, c’est peut-être pas l’appli du siècle, mais elle fonctionne correctement, et ça permet de se motiver 😉

    Répondre

    • yesben

      |

      Tiphaine, tu apprendras qu’il y a beaucoup de second degré chez ma petite personne 😉 J’adore STRAVA, je suis tombé dedans comme bien d’autres et c’est devenu mon compagnon d’entraînement à chacune de mes sorties. On s’est tous bien fait avoir tiens, mais le concept est drôlement intéressant comme tu l’expliques !

      Répondre

Laisser un commentaire

Time limit is exhausted. Please reload CAPTCHA.

Follow me

Une suggestion ou idée ?

< < C'est ici !

Reproduire un texte ?

Pas de souci les amis ! Mentionnez juste ©AMSPT avec l'URL