10 km Villeurbanne 2015 : 35’04… à poil

Written by yesben. Posted in Comptines 2015

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Rien de tel qu’un 10 km sur route qualificatif aux championnats de France pour se mettre à nu, après avoir joué les apprentis-magiciens sur des “coursinettes” de campagne. 35’04 à poil dans les rues de Villeurbanne en cette fin d’hiver, ça remet le chrono et les idées au clair. Y’a du boulot !

> DIS, APRES QUOI TU COURS ?

La plaisanterie a assez duré. Après une 3e place en relais sur la SaintéLyon en décembre (lire ici), un podium scratch il y a quinze jours dans l’Ain sur une course nature dont la renommée ne doit guère dépasser les villages voisins, il était temps que je rétablisse la vérité. Cinq podiums V1 glanés en presque autant de confrontations depuis mon entrée chez les “vieux” en novembre, l’imposture était trop belle pour que cela dure.

Curieusement, mon forfait pour le marathon de Paris ne m’a pas mis la tête dans le seau, ni ratatiné mon envie de retrouver un semblant de niveau en 2015. Oui, mais de quel sportif parle-t-on ? Du coureur sur route que j’ai longtemps été ? Du crapahuteur de rochers épris de longs périples sur sentiers acérés ? Du runner « hybride » que mes congénères de club ont parfois du mal à suivre dans ses envies farfelues ?

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A force de courir toutes les surfaces, j’en perds ma poudre à courlimpinpin, et ça c’est pas bien. Plus d’objectif phare de printemps à cause d’un mollet en vrac durant trois semaines, pas d’ultra-alpin ni pyrénéen programmé cet été (enfin… normalement) : en d’autres circonstances, tout cela sentirait bon la vieille déprime sportive. Il n’en est rien. Je ne sais pas ce que je veux en fait.

> COMMENT CA, PLUS RIEN A ESPÉRER SUR 10 KM ?

Tant d’années à développer une joyeuse foulée pour en arriver là, mince. Déjà mi-mars et le garçon ne sait toujours pas après quoi il veut courir cette année. Le petit diable qui sommeille en moi ne cesse de m’exhorter : « A mort le bitume, les chronos, le cardio et les séances sur piste. Va juste gambader dans les prés : fais pas chier ! » Ok, mais ce truc-là, ça s’appelle une solution de facilité.

Courir l’évidence, trop peu pour moi. Lorsque j’aligne les foulées, j’ai de tout temps préféré emprunter les chemins tortueux. Je suis trop joueur pour me contenter de faire le gentil mouton sur les grands boulevards. Ce que j’adore par-dessus tout ? Prendre le départ d’un gros trail bien pentu… en pleine prépa marathon, sans aucun travail spécifique. Et le pire, c’est que cela me sourit. Pourquoi m’arrêterais-je de jouer les briseur de routine ? Courir est et doit rester un jeu. Nothing else.

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Quand, il y a quelques jours, j’ai annoncé à madame vouloir courir les 10 km de Villeurbanne, elle m’a regardé bizarrement. « Mais non, je ne suis point malade : je t’assure, je vais bien. » Pas sûr qu’elle en ait cru un seul mot, vu sa réponse : « Mais qu’est-ce que tu vas faire sur un 10 km sur route ? T’as plus rien à espérer sur cette distance. »

> LE POIDS DES ANS

J’adore les vrais anti-encouragements qui émoustillent mon terrible petit orgueil, lequel secoue à bon escient mon corps tout entier. Pour le faire dégoupiller, madame est l’as des as. La Jean-Paul Belmondo de la préparation mentale et des uppercuts dans l’égo-plexus : c’est direct et terriblement efficace.

Alors comme ça, tu ne mises plus un kopeck sur les gambettes de ton cher époux ? « Eh, vous entendez ça les filles velues qui ne faites même plus l’effort de vous épiler ? » En apparence, il y a tellement de laisser-aller dans ma routine pré-compétition depuis quelque temps que je ne peux lui donner vraiment tort. Avec 2,5 kg de plus sur la balance que du temps de ma forme d’antan, la peau de Ben l’oursonnet risque d’être tannée avant d’avoir franchi la ligne d’arrivée.

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Et les miracles, ça va bien un moment. Heureusement que Saint-Thomas est toujours là pour me ramener à la réalité : je restais sur un tristounet 35’56 à Caluire en octobre dernier, là où mon affligeante naïveté me faisait miroiter un « tranquille » 34’30. Y’a pas de secret, le jeune ancien : si tu ne fais plus l’effort de t’époumoner à l’entraînement, si tu continues de taper systématiquement dans la plaquette de chocolat lait-noisettes après le dîner, tu vas finir par te transformer en une bonne vieille micheline : robuste sur les rails mais pas bien pressée… Et puis zut alors : je veux TOUT !

> DESTROY-TRAINING

Alors, cette nouvelle cylindrée V1, quatre semaines après la reprise de l’entraînement, elle vaut quoi ? Pas envie d’enfiler le cardio sur cette reprise routière dominicale, juste l’envie de me fier aux sensations. Et surtout ne rien espérer, vu le programme indigeste d’avant-course : après la grève aux baskets lundi & mardi, je me suis saupoudré un joli 16×1’ à bloc mercredi soir, avant 1h45 savamment envoyés dans les escaliers lyonnais jeudi soir pour accompagner un copain stéphanois de passage en terre “Gone” ennemie. Et gourmand que je suis, encore 17 km le vendredi pour confirmer que « mince, autant d’escaliers hier soir (750 D+), c’est finalement pas terrible pour dimanche… »

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« On s’en fout, envoie le pâté & m’emmerde pas », me susurre une fois de plus ce satané diablotin. Mais c’est qu’il a raison, le loustic. Je me suis régalé trois jours durant, merde alors ! Et « fuck » au fait que je n’ai jamais aussi bien tourné par le passé qu’en suivant un programme d’entraînement structuré. Je faisais cependant moins le fier samedi soir au moment de porter mes jambes de plomb jusqu’au lit. Instant de doute et de vérité : « Est-ce bien raisonnable ce 10 km sur route ? » Tut-tut-tut : c’est pas maintenant que tu vas commencer à te chercher des excuses. C’est pour les faibles d’esprit et joyeux loosers. Toi qui vise la gloire et la reconnaissance éternelle auprès de tes pairs, ressaisis-toi !

Et cette course, au fait ? Allons droit au but tellement c’était sans intérêt au niveau paysages : ce chrono de 35’04 accroché sans cette atroce douleur que je redoutais et qui n’est pas venue, est une correcte surprise. Mais guère mieux. Une inexistante 70e place (14e V1) sur 858 arrivants, ça ne m’était plus arrivé depuis longtemps. C’est qu’il y a de la relève chez les petits et moins jeunes ! Sans un évident manque de fraîcheur, les 34’40 sur lesquels j’étais calé à mi-course étaient à portée.

> THEORIE DE LA RELATIVITE

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Bien piètre ambition en regard de mes réguliers 33’ d’antan, et alors ? J’étais jeune et insolent, irresponsable et insouciant il y a quinze ans, comme ce gamin de 17 ans qui a dû présenter une autorisation parentale pour retirer son dossard juste devant moi… et qui m’a avalé tout cru dès le 2e kilomètre. Plus aucun respect, ces minots.

Vive nos 22 ans d’écart : entre les deux, je suis devenu double père, grisonnant, patron d’une modeste TPE, ou encore chef de chantier au domicile familial. Franchement, ce rythme trépidant, ça use même s’il m’emplit d’énergie et d’envie au quotidien. La vérité vraie, c’est que je n’ai pas besoin de courir pour disperser une sacrée d’ose d’influx dans mes belles journées. Reste à trouver le bon dosage pour devenir raisonnable et tempérer mes ambitions dans le domaine des loisirs. Ma dulcinée va se tordre en lisant ces lignes : « Couillonneries, oui : un compétiteur-tueur ne s’éteint jamais ! »

Pour me laisser porter par un enthousiasme démesuré, il faudra donc revenir à Villeurbanne. Chrono honnête, mais pas plus, pour plusieurs raisons. Ces 10 km étaient disputés sur une double boucle ultra-plate, dans un environnement ultra-inintéressant qui  a décuplé une irrésistible envie : en finir au plus vite ! Météo royale (7-8°C), à peine un souffle d’air : c’était le jour idéal pour faire péter le chrono perso.

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> DES MONTAGNES FEMININES

Pas étonnant que quatre des dix meilleures perfs féminines françaises de l’année aient été établies ce dimanche à Villeurbanne (34’41 à 35’17). Même la 3e du jour, venue d’Alès-Cévennes, a osé me doubler à la faveur d’une terrible accélération dans le dernier kilomètre : tout fout le camp, vraiment !

Autre motif de “relativisation” : la facilité insolente avec laquelle les coureurs de montagne sont une nouvelle fois venus décaper le bitume. Ça, Einstein ne l’a jamais expliqué dans ses théories physiques. Les 2e et 4e places scratch hier pour les pensionnaires de l’équipe de France Renaud JAILLARDON et Arnaud BONIN, en 30’58 et 31’15, me font dire que ce monde est injuste. Certes, ils doivent se nourrir d’autre chose que mes quatre sorties hebdos en ce moment. N’empêche : comment font-ils pour être aussi performants sur l’asphalte que sur les hauts sommets ? Le talent, tout simplement ?

Pourquoi ne suis-je pas moi aussi né gazelle plutôt que phacochère ? Tout est relatif, évidemment. J’en entends déjà me dire : « De quoi te plains-tu par rapport à ceux qui buteront toute leur vie sur la barrière des 40 ou 45’ aux 10 km, malgré une énorme abnégation à l’entraînement et jusque dans l’assiette ? »

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> INGRATE CAP

Cette vilaine course à pied est tout simplement ingrate. Cruelle. Je la déteste autant que je l’aime. Pourquoi est-elle si peu reconnaissante des efforts consentis semaine après semaine ? A peine 7 jours de pause et j’ai l’impression de me transformer en dodu dindon qui n’a plus transpiré depuis six mois.

A l’inverse, douze semaines ne sont pas de trop pour envoyer la bestiole au casse-pipe marathon, sans garantie de résultat. Des fois, je me demande si je n’aurais pas mieux fait de me lancer dans une carrière au baby-foot : rien dans les cannes, tout dans le poignet et en sirotant des Picon-bière. Elle serait pas plus belle ainsi, la vie ?

Ça m’apprendra de vouloir jouer à l’apprenti-sorcier épicurien : à courir 100 lièvres à la fois, je risque de rentrer la besace vide en 2015. Il est plus qu’urgent de mettre de l’ordre dans mes envies. Tout ce que je sais, c’est que la prochaine sera « on the road again »… jusqu’à ce qu’un chemin s’en mêle ?

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Photo 10 km Villeurbanne : © Maxime Jegat – Le Progrès

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