2014, ça démarre (trop ?) fort ?

Written by yesben. Posted in Comptines 2014

2014-foulees monts d'Or-1C’est parfois bizarre la course à pied. Jamais je ne m’étais pris une si belle déculottée qu’au marathon Nice-Cannes en novembre. Derrière, un bon mois et demi sans grande motivation, avec 2-3 sorties hebdos courues en marche arrière pour garder un semblant de forme jusqu’à Noël, dans une grosse période de boulot.

> LES CONGES, C’EST LE PIED

Et déjà, je commençais à me dire : « Les prochains mois s’annoncent franchement chiants si j’ai pas plus envie que ça. Mon coco, va vite falloir dévorer le calendrier des courses, sinon c’est au tennis que tu vas la reprendre, la compète. » Pas bon signe. Comment imaginer que le 26 janvier 2014, tout juste 11 semaines après mon “Apocalypse Macadam”, ma rentrée rock n’grolles serait aussi belle ?

« Vive les vacances, les cahiers au feu… et la démotivation au milieu ! »  Rien de tel qu’une succulente petite semaine de congés déballée au pied du sapin pour retrouver l’envie. Pourquoi courir les hypermarchés quand un présent aussi simple que régénérant vous tend les bras ?  Le “rechargeage” de batteries ? Truculent.

Le déclic que j’espérais tant est venu me cueillir le lundi 30 décembre, premier jour de mes vacances.  Juste 1h15 dehors, à jouer au toboggan dans les buttes de Montanay au nord de Lyon, connues jusque dans la rade de Brest grâce au Trail Tour National.

2014-foulees monts d'Or 1-2De la gadoue à gogo et 450 mètres de dénivelé positif avalés à la vitesse d’un bon éclair au chocolat. Mazette, c’est en fait ça que j’ai envie de faire : m’enquiller du chemin, au lieu de continuer à me rayer les dents sur le bitume. A mort le marathon en 2014, j’ai envie de bouffer de la chlorophylle, des paysages, de la pente et des cailloux, quitte à me péter la panse. Quand l’appétit revient, je me sens vivre, et ça c’est trop bon.

> COURIR OU DORMIR, LE DIMANCHE IL FAUT CHOISIR

Sympa ce petit amuse-gueule, mais dès le lendemain, j’en voulais beaucoup plus. Trop de privations et de frustations accumulées à cause de ce marathon de m… : faut que je m’en libère ! En me couchant ce premier jour de la dernière semaine du reste de l’année, je me fais une promesse : « Demain dès l’aube, tu mets un point d’honneur à finir 2013 sur une note ultra-positive.» Ce sera le circuit du Grand Tour des Monts d’Or et ses 35km de sentiers (1 230 D+) en mode rando-course-appareil photo. Cinglé ? Pour “Père Pantouflard”, oui je suis certainement barré. Mais pour qui aime les longs efforts sportifs, rien que du très banal. Il n’en fallait pas plus pour lancer idéalement 2014.

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Et voilà comment, trois semaines plus tard, ce dimanche 26 janvier, je trépignais à nouveau d’impatience sur une ligne de départ. Gourmand le loustic d’avoir choisi les 25 km de la Foulée des Monts d’Or et ses 685 mètres D+ comme reprise. Le premier grand rendez-vous de l’année en terre lyonnaise, où trailers et routards aiment venir retrouver du rythme et cracher le restant des excès de fêtes.

« Coucou les copains, c’est moi que revoilà », avais-je envie de dire à toutes ces têtes que je n’avais plus croisées depuis des mois. Oh purée, que c’est bon d’être là, malgré le froid et l’humidité ambiante. Et dire qu’à 6h15 du matin, au moment de m’extirper du lit, je songeais : « Franchement, t’en as pas marre de ces conneries, alors que tu pourrais aller tranquillement à la boulangerie, et savourer croissants et ficelles en attendant la finale de l’Open d’Australie ? »

Essayez de chasser le compétiteur qui est en vous, il reviendra au grand galop. J’ai donc abandonné et ne cherche même plus à comprendre.  Etonnamment, à quelques secondes du départ donné à 9 heures pétantes dans la très chicos bourgade de Saint-Didier-au-Mont-d’Or, mon cardio n’affichait qu’un petit 79 puls au compteur. « Eho, y’a quelqu’un là-dedans, tu vas te réveiller ? »

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Alors que près de 1 200 coureurs se massaient derrière l’arche de départ, où était passée mon habituelle excitation d’avant-course et cette terrible envie d’en découdre ? Au fond de mes baskets ? Dans les mollets ? Et mon petit cœur qui devrait commencer à s’affoler autour de 110 puls ?… Cela ne me dit rien qui vaille. Tant pis, on verra sur le tas.

> IMPRUDENTS PENITENTS…

J’ai toujours du mal avec ces courses où solos et relayeurs partent en même temps,  ça fausse la donne et rend impossible toute stratégie de course. Mais en avais-je vraiment élaboré une pour cette rentrée sportive ? Tu parles ! Commence par mettre un pied devant l’autre, pars prudemment et rallie la ligne d’arrivée en prenant si possible du plaisir, tout autre espoir serait franchement indécent. Ah si, peut-être : faire mieux que ma 14e place accrochée dans la douleur en 2011 sur un parcours bien moins amusant, sans jambes parce qu’en manque d’entraînement…

Alors forcément, quand le starter a lâché les chevaux, j’avais l’impression d’être une balle de flipper au sommet de son art : baladé à droite, balancé à  gauche, ça dézingue partout autour de moi, manquerait plus de me retrouver par terre. Mais ils sont de plus en plus malades ces coureurs, ils comptent sérieusement  tenir 25 bornes à ce rythme ? Fidèle à mes habitudes, je décide de me caler sur mon rythme cardio, me retrouvant rapidement autour de la 50e place en bas de la descente inaugurale.

2014-foulees monts d'Or-3Rira bien qui tiendra la même allure dans la première longue montée. Et comme par enchantement, la pente s’élevant, le souffle de mes congénères se fait plus court, la foulée se raccourcit, tandis que j’allonge doucement la mienne. « Alors, les copains, ça rigole moins ? Combien de fois faudra-t-il vous dire de ne pas débrancher le cerveau et le frein à main en même temps ? »

Franchement amusantes, ces petites routes qui m’avaient snobées lors de mes entraînements. Tiens, ce chemin qui part à gauche, mais oui, je le connais ! Et celui-là, qui part à droite, purée de rototo de crotte d’escargot, pourquoi on ne se jette pas dedans la tête la première ?

Faudra que j’en parle aux organisateurs à l’arrivée, avant de me rappeler que j’ai signé en toute connaissance de cause… pour 95 % de bitume. Bon, ça va… Mince quand même : pourquoi on fil tout droit alors que c’est tout boueux comme j’aime en bas ?

 2014-foulees  monts d'Or-4> KILIAN & PATRICK, C’EST PAREIL

A peine le temps de divaguer dans mes pensées que je rattrape une veille connaissance déjà en apnée au 7e km, alors qu’habituellement, c’est plutôt lui qui m’en fait baver. « C’est la reprise », me lâche-t-il en serrant les dents. Je lui réponds juste par un sourire en pensant : «  Mon pauvre, tu vas souffrir si t’as prévu de t’enquiller les 17 km restants. On dirait que tes fêtes ont été savamment arrosées et la reprise pas trop studieuse… ».

C’est sûrement pour se rassurer qu’il me lâche : « C’est dur, mais je ne fais que le 1er relais. » A ce moment précis, en le décramponnant, je réalise que même sans avoir la traction intégrale, le moteur est déjà un peu mieux qu’en rodage grâce à mes presque 8 000 mètres de dénivelé positifs accumulés depuis le 31 décembre. Eh oui, t’as beau être un cador,  t’appeler Kilian Jornet ou Patrick Durand, si t’es pas entraîné, c’est même pas la peine d’espérer, tu vas en ch… et pleurer tes jambes d’antan.

A mi-parcours, en arrivant sur le parking de la discothèque Le Titan qui accueille les relayeurs sur les hauteurs de Couzon-au-Mont-d’Or, aucune indication sur mon classement, et je m’en fous royalement. Pas le moment d’aller danser la samba ou la zumba, ni d’aller me jeter une petite mousse au comptoir.

2014-foulees monts d'Or-4-1Certes, je vois bien que je ne cesse de grignoter des places, mais la route est encore trop longue pour viser quoi que ce soit. Pas sûr que les jambes tiendront la distance, même si la tête semble disposée à m’emmener loin.

A mon grand étonnement, je tiens pour une fois la distance dans les montées. Tiens, les longues sorties dominicales dans les chemins gluants commenceraient-elles à payer ? A peine le temps d’y penser qu’un terrible coup de cul me ramène à la réalité : quand ça grimpe vraiment sévère et que ça dure, mon point faible revient au grand galop. Le contraire eut été trop beau et limite scandaleux !

Bizarrement, les kilomètres défilent sous un plaisant crachin (oui, oui, j’y ai sincèrement pris goût) sans être doublé par les seconds nous retrouvons à trois solo au coude à coude, dont le dernier vainqueur de la Saintexpress qui me colle aux basques, pas décidé à céder un centimètre de terrain. C’est marrant, à ce moment je nous revois 7-8 ans plus tôt en même position, à lutter pour la victoire sur les terres de Jogg’îles en préparation de la SaintéLyon. Les années ont passé, mais les habitudes et les visages n’ont guère changé.

 > MEDAILLE EN CHOCOLAT ? CHAMPAGNE !

2014-foulees  monts d'Or-5Constamment dans ma ligne de mire, et revenant mètre après mètre sur lui au profit de portions plus roulantes, le coureur qui me précède profite du gros coup de cul final pour nous décramponner. Sacré mental, le gars, car il a l’air de se faire mal. Je parviens à tenir la cadence, un moindre mal, et à désarçonner ma “sangsue”.

Sitôt la ligne d’arrivée franchie, on m’annonce 4e à six malheureuses petites secondes du podium. Oh mais couillon, vous n’auriez pas pu me le dire plus tôt ? Je me serais dépouillé comme un âne dans ce cas, quitte à devoir aller vendre des litres d’acide lactique sur le marché vendredi prochain. Le simple fait de raisonner ainsi me donne aussitôt une banane aussi spontanée qu’inattendue : sans faire exprès, le compétiteur est sorti de sa sieste !

T’excites pas, mon p’tit gars… Cette course de début d’année, c’est un joli miroir aux alouettes. Ceux qui ont repris l’entraînement tardivement n’étaient pas à la fête. Ceux qui ont trop festoyé à Noël ont payé leurs excès. Alors ceux qui ont fait les deux, je ne sais même pas s’ils ont passé l’arrivée…Certes, je ne finis qu’à 3’49 de Nicolas Pianet (second), l’une des grosses têtes d’affiche du trail français.  Mais si ça se trouve, il s’est contenté de faire un footing rythmé. Je me refuse à aller lui demander : ça risquerait de me gâcher mon plaisir. Le vainqueur du jour, le jeune et talentueux Yoann Stuck, me met 7’ dans la vue, soit 1 km/h d’écart. Tant mieux, découvrir le classement m’a permis de vite redescendre de mon nuage.

2014-foulee monts d'Or 5-1Mais vous auriez vu sa tête juste après les podiums : il m’a aussitôt interpelé, me proposant d’échanger son gros trophée bien clinquant contre ma belle bouteille de champagne. Eheh, c’est que tu manques encore de métier, mon garçon, la prochaine fois tu te renseigneras sur les lots à gagner avant de partir bille en tête !  La satisfaction du jour, il y en a eu une seconde, une vraie : ma gestion de course intelligente et prudente, en réalisant le 3e chrono scratch sur la seconde moitié du parcours. Eh oui, ça m’arrive parfois de me secouer le bulbe rachidien en alignant les foulées !

Rien de tel que d’enchaîner les compètes pour retrouver du ryhtme et garder les pieds ancrés dans la bonne bouillasse hivernale. Dans 15 jours, c’est le Trail Givré à Montanay, première manche du Trail Tour National version courte, au-dessus de la maison. 23 km au menu, dans des chemins que je connais par cœur et une belle claque en perspective au classement scratch, histoire de me rendre compte que mes jambes pèsent bien mes presque 39 ans. Eh oui, l’entrée dans la cour des vétérans, c’est déjà pour l’automne prochain… En attendant, je ne déroge pas à mes habitudes : je vais de ce pas attaquer mon régime TUC-bières devant la finale de l’Euro de hand. Le meilleur moment, y’a pas à dire, ça reste l’après-course 🙂

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