Jérôme Chiotti : repenti de mon plein gré

Written by yesben. Posted in ZAP

Ce Jérôme Chiotti, je l’avoue, me plaît beaucoup. Mon regard sur l’ancien champion du monde de VTT cross-country en 1996, récemment reconverti coureur à pied, a complètement changé depuis que nos chemins se sont croisés. Le dernier épisode de l’émission « Dans les yeux d’Olivier » sur France 2, lui consacre un beau témoignage.

> AUX CHIOTTES, LE POURRI !

Encore un pourri dopé qui, pris la tête dans le pot de miel – belge ? –, se repent, contraint et forcé, après nous avoir fait avaler des couleuvres plus grosses que des boas. Voilà l’image biaisée que j’avais de Jérôme Chiotti depuis toutes ces années. A tort. Toutes mes excuses, cher Jéjé. Comme d’autres, mes oreilles n’avaient retenu que le bruit de la vindicte populaire et des hypocrites du « milieu ». Il en fallait un sacré courage et de l’élégance pour décider de tout balancer sur tes pratiques dopantes, sans même avoir été contrôlé positif.

2016-Jerome Chiotti-1

Ou comment, en quelques jours, passer du statut d’idole des jeunes à celui d’ennemi numéro 1 du cyclisme. Le Bon, la Brute et le Chiotti. Au printemps de l’année 2000, après des déclarations fracassantes dans le magazine Vélo Vert, l’étoile filante du VTT français des années 1990, devenait un « paria ». Celui qu’il fallait faire taire alors que les rois de la pédale se relevaient tout juste de la « bombe Festina ».

Au lendemain de l’affaire Virenque, Jérôme Chiotti s’était fait la promesse de ne plus toucher à une seule de ces saloperies de corticoïdes, érythropoïétine, hormones de croissance et testostérone. Jeté aux fauves par ses pairs et les instances du sport, après avoir osé dévoiler combien il ne supportait plus d’avoir autant gagné en « trichant » ; et de constater combien les comportements n’étaient pas disposés à changer malgré les promesses officielles d’un « cyclisme propre » : circulez, y’a rien à voir, Monsieur Chiotti. Fallait pas nous énerver et jouer les « balances », vous allez payer !

 > AU BAL DES FAUX-CULS

Et il a morflé le bougre. Il était pourtant sacrément couillu le mec. Comme nombre de « vrais gentils », Jérôme Chiotti a sans doute naïvement cru qu’il serait soutenu. « Faute professionnelle » pour son employeur, synonyme d’exclusion immédiate. Quelques semaines plus tard, il déclarait dans les médias nationaux : « J’aurais aimé que Baal, le Président de la FFC, me dise : “Tu sais, Chiotti, t’es un gars courageux.” Au lieu de cela, il m’a répondu : “Ce que tu as fait, ce n’est pas bien. Ça fait du tort au cyclisme. Tu n’es qu’un cas isolé.” »

2016-Jerome Chiotti-2

Fédération, instances internationales, coureurs, observateurs… Il se retrouve instantanément banni. Suspendu de toutes compétitions. Déchu d’une partie de ses titres. Bon pour la reconversion professionnelle, que le natif de Millau trouvera durant des années dans la restauration. Loin du sport qui l’avait pourtant fait roi. Oublié, honni, mais droit dans ses bottes et désormais capable de soutenir le regard de n’importe qui.

Ceux qui le connaissent aujourd’hui l’adorent… ou le détestent. Un franc-parler et un sens de l’ironie inimitables, des coups de gueules et positions tranchées sur son compte Facebook qui peuvent être aussi mémorables que les commentaires enflammés. Surtout lorsqu’il y va de son point de vue sur les « affaires » sportives qui continuent de sortir dans les médias.

> A L’ASSAUT DES 100 KM DE MILLAU

« Mais de quel droit vous osez ouvrir votre grande gueule, vous l’ancien dopé ?!? ». Ceux qui balancent de telles inepties n’ont rien compris à son histoire. Mais qu’importe : Jérôme Chiotti se moque de ce que les autres pensent de lui, et il a bien raison. Parce qu’au fond, c’est lui qui est dans le vrai. Il a triché. Eu la grandeur d’oser se dénoncer. Assumé. Payé. Mais il est libre. Dans son corps comme dans sa tête. Et encore plus depuis qu’il a découvert sa nouvelle « petite drogue douce ».

2016-Jerome Chiotti-3

Récemment revenu à la lumière par la petite porte du running, il semble ne rien avoir perdu de son talent sportif. Ancien dopé ou pas, l’homme est naturellement doué pour le sport : 2h34 au marathon de Paris en 2014 (il espère descendre sous la barre des 2h30 en avril prochain… à Paris), 1er du 100 km de Belvès, vainqueur l’an passé de la très exigeante Montée des 4000 Marches à Valleraugue sur les pentes du Mont-Aigoual dans le Gard (1h03, les connaisseurs apprécieront)… Respect, man.

Le sportif retrouvé transforme en pépite presque tout ce qu’il touche, et cette fois-ci, il ne le doit qu’à l’E.P.O., comme l’indique la petite pancarte à l’entrée de son domicile : Eau, Pastis & Olives. Trois lettres gravées dans le marbre, qui racontent ce que le bipède Chiotti est réellement : un vrai épicurien, amateur de bons vins, de belles rencontres et décidé à relever la quête de son nouveau « championnat du monde » : les 100 km de Millau, où il était à deux doigts de triompher en 2015. Compétiteur tu naîtras, compétiteur tu mourras. Je te souhaite de vivre et de t’amuser encore longtemps, l’artiste. Et surtout, ne change rien !

2016-Jerome Chiotti-4

© Photos : Midi Libre, 100 km de Millau.

Mots-clefs :

Rétrolien depuis votre site.

Commentaires (1)

  • ROCHE Claude

    |

    Trés bien, j’ai également apprécié ton intervention chez LOPEZ sur la 2.

    Répondre

Laisser un commentaire

Time limit is exhausted. Please reload CAPTCHA.

Follow me

Une suggestion ou idée ?

< < C'est ici !

Reproduire un texte ?

Pas de souci les amis ! Mentionnez juste ©AMSPT avec l'URL