SaintéLyon ou concert U2 ?… Je prends tout !

Written by yesben. Posted in Comptines 2015

SainteLyon 2015-1

Etait-ce bien raisonnable, après 8 semaines de coupure sportive, de vouloir enchaîner SaintéLyon de nuit et concert de U2 le soir même à Paris, sans dormir ? Et puis, saperlipopette de bosse de chamallow, après tout on n’a qu’une vie !

> PLUS C’EST BARRE, PLUS CA ME PLAÎT

Plus les années passent et plus ma chérie me regarde d’un air inquiet à chaque fois que je lui parle « projets sportifs ». Qu’elle me pardonne autant que je l’aime. Alors que j’enchaînais les séances de kiné depuis près de deux mois suite à cause d’un “pétage” d’un oblique et de son solidaire cousin psoas, j’ai évoqué un soir en douceur la possibilité d’accompagner un copain sur les 72 km de la SaintéLyon. « Enfin, si j’y vais, ce sera juste au rythme footing de reprise sans appuyer », ai-je pris le soin de préciser. De toute façon, je suis à tellement d’années-lumières de mon podium en relais 2 de l’an passé qu’il ne fallait pas espérer mieux…

« Mais c’est pas le jour où tu pars à Paris avec Arthur – notre fiston de 13 ans – pour aller voir U2 ? » me rétorque-t-elle. « Bahhh… si, pourquoi ? » C’est vrai, d’abord, il est où le problème ? Evidemment que j’ai tout calculé avant de balancer un truc pareil. Avec un TGV Lyon-Paris à midi, ça me laisse largement le temps de repasser par la maison, me doucher et prendre un copieux petit déjeuner. Je ne vois vraiment pas il est où le problème. Rester debout durant près de 7 heures dans une file d’attente puis devant une scène de concert, après avoir couru toute la nuit et pas fermé une paupière, tout le monde – ou presque – fait cela, évidemment.

SainteLyon 2015-2.JPG

« Et puis tu sais, chérie, Hassan il serait tellement content que je l’accompagne sur cette course. Si je vais disputer la SaintéLyon, c’est avant tout pour lui. Ne vas surtout pas t’imaginer que je fais cela pour mon plaisir personnel, c’est vraiment pas mon genre… » Hum, comment te dire…

> TÊTU COMME UN NANTAIS

Comme madame, qui me connaît par cœur, sait que lorsque j’ai décidé quelque chose, elle peut courir l’équivalent d’un double UTMB pour me faire changer d’avis, elle s’est contentée de dire que « c’est un peu n’importe quoi et qu’à 40 ans passés, ce serait bien de commencer à devenir raisonnable. » Hein, devenir quoi ? Désolé, je viens de passer sous un tunnel !

N’étant pas complètement kamikaze, j’avais préalablement pris le soin de m’assurer de mon aptitude à tenir une telle distance sans me refaire mal. Quelques footings vallonnés la semaine précédente, dont un copieux 25 km dru dans l’pentu à J-7, m’ont rassuré sur mon état, à défaut d’avoir la moindre condition physique. Mon Hassanou, prépare-toi à passer une nuit chaude comme la braise incandescente du barbecue, ton ami Ben a des fourmis jusque dans les poils des oreilles.

SainteLyon 2015-3.JPG

Étonnamment, à 23h45 ce 5 décembre, sur la ligne de départ du Parc Expo de Saint-Etienne, j’étais d’une sérénité rare. Tout simplement heureux d’être là et du fol enchaînement des 24 prochaines heures. Et dire que 10 jours plus tôt, j’avais encore trop mal pour tenir un footing de 45 mn. Merci mon sauveur kiné-osthéo Jean aux mains d’argent !

> TIQUE-TIQUE, LA CHEVILLE…

A 23h59’59, lorsque le « Light my way » de U2 a résonné dans la nuit stéphanoise, annonçant le top départ je me suis retourné vers mon Hassan, le serrant dans mes bras et lui lançant un jubilatoire : « P…, et dire que ce soir la bande à Bono sera en chair et en os devant mes yeux ! Ne traînons pas trop en route, l’ami, et régalons-nous ! »

Dans le genre euphorique, mon compagnon nocturne, qui visait un peu moins que ses 8h11 de l’année dernière, était un peu trop empli d’envie durant les 15 premiers kilomètres. Obligé de le rappeler sans cesse à l’ordre pour qu’il ne crame pas prématurément ses ailes, j’étais presque heureux de voir les coureurs nous doubler de toutes parts. Un comble en d’autres circonstances.

SainteLyon 2015-4.JPG

Forcément, quand le scénario d’un film est trop beau pour être vrai, les scénaristes se chargent d’introduire quelques rebondissements savamment louchés qui tiendront le téléspectateur en haleine. Mazette, j’ai peut-être loupé une carrière dans le cinéma, car personne ne l’avait vu venir, cette cheville qui  est partie totalement en vrille après seulement 25 km. Sur le coup, j’ai hurlé tout ce que j’ai pu, autant par douleur que par dépit. « Bordeeeeeeeeeel, fait chierrrrr, y’en a ras le cul de ces blessures qui s’enchaînent ! Qu’est-ce que j’ai fait au bon dieu de la course à pied !?! »

> MIRACLE DRUG… OF SPORT

Plus qu’une chose à faire : ordonner à mon binôme de poursuivre sa route, mon seul souci étant de parvenir à me traîner jusqu’au ravito de Sainte-Catherine, km 30, ce dont je n’étais même pas sûr. A peine capable de marcher dans les descentes, je laisse un message à mon Hassan une demi-heure plus tard, lui confirmant mon abandon imminent, ruminant déjà ma frustration. « C’est pas possible, ça peut pas se finir comme ça alors que ma journée commence. Mais quel con de ne pas avoir été plus vigilant ! »

SainteLyon 2015-5.JPG

Et puis… l’improbable s’est produit. Mieux qu’une apparition, un miracle. Constatant que j’arrivais à recourir sur les portions de route, aussitôt arrivé à Sainte-Catherine, je me suis mis en tête de prolonger le périple jusqu’à Saint-Genou, 4 km plus loin. Allez, tant pis, si ça le fait pas tu t’arrêteras là-bas… où j’apprends que mon Hassan est passé 7’30 plus tôt. « Tiens… Et si je me lançais comme nouveau pari à la con de revenir sur lui ? » Le petit diable qui sommeillait en moi s’est lancé dans une danse des plus convaincantes, à peine tempéré par la voix de la raison qui a juste posé une condition : « D’accord, mais interdiction de courir dans les descentes. » OUIIIIII, demoiselle, promis, je compenserai sur le plat et dans les côtes !

Même avec des jambes aussi molles qu’un flageolet cuit, je me suis rendu compte que toutes ces années de compétition et d’entraînement, le corps les garde en partie en mémoire… Pas moins de 150 places remontées en 11 km, malgré des dizaines de coureurs qui me doublaient dans chaque descente. Galvanisé par cette course-poursuite effrénée, le hasard a voulu que je revienne sur mon Hassanou doudou juste à l’entrée du ravito de Soucieu-en-Jarrest, km 45. Complètement euphorique, je lui saute dessus, jubilant comme si je venais de remporter cette SaintéLyon 2015 au scratch. Vraiment, ça peut rendre timbré la course à pied…

SainteLyon 2015-6.JPG

> MERCI, PETIT GRAIN DE FOLIE

Et voilà comment nous avons achevé les 27 km restants main dans la main, éberlués par ce nouveau retournement de situation. Qu’importe si nos compagnons de SaintéLyon 2015, Maud – superbe 7e au scratch féminin – et Olivier – 38e solo – sont depuis longtemps arrivés. Rien à carrer de finir cette lumineuse SaintéLyon pour la toute première fois de jour, après 9 participations. Rien à secouer de ces 8h24 et 800e place au scratch. L’essentiel, c’était bien qu’Hassan puisse finir cramé comme prévu mais heu-reux. Cet improbable dénouement m’a tiré les larmes aux yeux à l’approche de la Halle Tony Garnier. Que j’aime ces scénarios. Ma cheville les maudit.

La suite du programme ? Evidemment géant. Incapable de fermer l’œil dans le TGV nous menant à Paris, encore estomaqué et impatient de découvrir la suite. Premier concert classe « mundial » pour le fiston. Devant les seniors-seigneurs de U2, rien que ça. Debout dans la fosse, idéalement positionnés à quelques mètres de la scène et de l’immense écran géant : pas top pour les guiboles qui demandaient grâce, mais quel pied pour les or(t)eilles ! Le concert était initialement prévu quelques heures après les attentats parisiens en novembre. Evidemment annulé, mais le groupe irlandais tenait plus que tout à achever sa tournée européenne à Paris. Merci les artistes.

SainteLyon 2015-7.JPG

Comme sur la SaintéLyon, je n’en étais pas à mon 1er concert de la bande à Bono (4e), encore plus déchainée qu’à son habitude. Là aussi, une expérience bluffante. 2h45 d’un concert hors normes, où tout le répertoire du groupe est passé pour lancer un gros « FU… ! » à Daesch et sa bande de tordus. Jusqu’à ce monumental duo de clôture avec la chanteuse américaine Patti Smith, venue entonner son très énergique « People have the power », vraiment de circonstance. Magnifique conclusion pour une journée indélébile. Après cela, je n’espère qu’une chose : garder aussi longtemps que possible ce petit grain de folie qui m’anime. Ne point trop écouter sa raison, ça a parfois du bon !

SainteLyon 2015-8

SainteLyon 2015-9.JPG

SainteLyon 2015-10

SainteLyon 2015-11.JPG

A.M. SainteLyon 2015-13.JPG SainteLyon 2015-14.JPG SainteLyon 2015-15 SainteLyon 2015-16.JPG
Illustration : ©Matthieu Forichon – www.desbossesetdesbulles.com Photos : perso // ©Arnaud Mulpas // ©Danny North
 

Mots-clefs :

Rétrolien depuis votre site.

Laisser un commentaire

Time limit is exhausted. Please reload CAPTCHA.

Follow me

Une suggestion ou idée ?

< < C'est ici !

Reproduire un texte ?

Pas de souci les amis ! Mentionnez juste ©AMSPT avec l'URL